On a aussi écouté Springwater – Abyss

Formé du côté de Bois-Colombes il y a quelques années, le trio Springwater, petit à petit, a su s’imposer avec ténacité dans le paysage rock local grâce notamment à des performances live remarquées. « Abyss », le EP 5 titres sorti fin février, est ainsi un premier aboutissement pour le groupe et une belle carte de visite avant d’aller plus loin.

A la première coute des cinq titres qui composent cet EP, on peut néanmoins garder quelques réticences, tant le fantôme de Muse plane sur l’ensemble, de la voix de Thomas, le chanteur, aux lignes de guitare parfois alambiquées. Si on y revient, c’est cependant avant tout parce qu’on songe davantage au Muse des débuts, avant que leur lyrisme incendiaire se transforme en néo-prog pompier, et surtout parce qu’il ne faut jamais réduire un groupe, quel qu’il soit, à ses influences ou ce qu’il évoque de prime abord. En outre, le trio peut se prévaloir d’une véritable cohésion, du jeu de batterie haletant aux lignes de guitare débridées au chant ample et décomplexé et, même sans les avoir vus sur scène, l’écoute d' »Abyss » laisse deviner un gros potentiel en live.

Enfin, Springwater affiche une aisance assez rare pour s’affranchir des schémas de composition classiques et proposer des morceaux toujours en mouvement, aux dynamiques imprévisibles. Alors certes, on est parfois tentés de rogner quelques mesures, quelques secondes par ci par là d’un morceau comme Apogee, qui aurait gagné à être un peu plus concis. Quelques accords de guitare sont parfois aussi en trop, on l’a déjà dit, mais on peut mettre cela sur le compte de la jeunesse et de la générosité, qu’il est toujours ennuyeux de brider. Une générosité qui donne tout son souffle aux meilleurs moments de cet EP, des envolées intenses de Dunes au rythme effréné et chaloupé de Renaissance II. Alors ne coupons pas les ailes à Springwater, qui a tous les atouts pour prendre son envol.

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