"> 16 Horsepower - Folklore - Indiepoprock

Folklore


Un album de sorti en chez .

Des espoirs ou désespoir ? Arthur marche dans la rue. Seul. Edgar est parti en vacances. En Grèce. Pendant plus d’un mois. Il ne lui a toujours pas envoyé de cartes ; mais il n’en attendait pas moins. Rachel aussi. Pourtant l’assistante d’anglais lui avait demandé son adresse. Elle devait passer du temps chez une […]

Des espoirs ou désespoir ?
Arthur marche dans la rue. Seul. Edgar est parti en vacances. En Grèce. Pendant plus d’un mois. Il ne lui a toujours pas envoyé de cartes ; mais il n’en attendait pas moins. Rachel aussi. Pourtant l’assistante d’anglais lui avait demandé son adresse. Elle devait passer du temps chez une compatriote néo-zélandaise à Berlin puis voyager en Europe de l’est. Enfin ! Arthur n’est pas sûr que ce soit une amie puisqu’elle lui avait dit avec son joli accent : « Je vais voir un copine à Berlin ». Bizarre car elle faisait rarement de fautes de français. Trop douée pour ça. La solitude engendre la paranoïa.
Arthur regarde les vitrines bariolées d’affiches Soldes – dernière démarque. Au mois de juillet il a travaillé à la fonderie du père d’Edgar, qui ferme en août pour congés annuels. Alors pour Arthur maintenant, c’est le travail intérim. Intérimaire. Mondialisation. Economie de marché. Eurodollar. Baisse. Moulinex. Michelin. Hausse. Privatisation. EDF. CAC 40. Indice niqué. Bref ! On l’a dans le cul.

Arthur s’arrête. Devant la boutique du disquaire. « Tiens ! Ils ont sorti un nouvel album ». Il entre.
Pochette noire. Sixteen Horsepower. Avec les décorations argentées à chaque coin, tel un intertitre de film muet. « Folklore ». Tout simplement.
Cet album a quelque chose de différent, un côté mystérieux – « It is no mistery / I know my way from here » – ou du moins intimiste. Les thèmes de prédilection sont toujours là – « The sweetest song / The saddest thought » – mais l’accordéon n’est plus ou quasiment plus, dépassant les limites mêmes de la discrétion, et le banjo seulement sur quelques morceaux. Guitare sèche, piano, contrebasse à l’archet, peau de batterie brossée à la baguette, le plus souvent. L’orchestration acoustique apporte, plus qu’une sensibilité exacerbée, une sérénité à la solitude de leurs mélodies. Parce qu’elle est toujours là cette gangrène. Sous toutes ses formes. L’exil, l’abandon, l’amour, le pêcher, la fuite, la mort. D’ailleurs la reprise de « Alone and forsaken », de Hank Williams, corrobore cette déréliction dans les paroles de 16 Horsepower. « Alone and forsaken / By fate and by man / O lord can you hear me / Take hold my hand ».
Et puis il y a ce morceaux, « Horse Head Fiddle », qui dés la première écoute nous transporte dans la steppe par le murmure des instrument et de la voix d’Edwards. Quoique de plus normale quand il s’agit en fait d’un chant onirique tuvar, peuple de Mongolie. Cette adaptation traditionnelle n’est pas la seule. L’album se termine même sur une danse à trois temps polonaise chantée en français.
Malgré une sortie presque anonyme au coeur de l’été, 16 Horsepower nous offre, en un mélange d’écorchures originales et de mélopées folkloriques oubliées, une oeuvre merveilleuse. « Beyond the pale and beautiful / we keep down our voices ». Tout simplement.

Il ouvre la porte. Et pose le sac plastique sur la table de la cuisine. Dessus un petit mot. « Tu as du courrier. Bisous ». La mère d’Arthur est infirmière au CHU et travaille d’après-midi en ce moment. « Tu te rends compte. Ça fait 25 ans qu’Elvis est mort ! » Avait-elle dit ce matin à son fils. « Oui et l’année prochaine c’est au tour de Claude François ». Arthur s’était gentiment moqué d’elle. Bientôt les compilations à la maison.
La carte vient de Prague. Large panoramique du pont Charles et du château sur les hauteurs. Un petit mot de Rachel qui en est un grand pour Arthur. Il met le disque de 16 Horsepower et s’allume une clope. Il écoute. Seul mais souriant. Ses pensées s’emmêlent. Superbe album, meilleur que « Secret south ». Il faut que je tente le coup, que je sois plus entreprenant. C’est bizarre qu’il soit sorti en plein été. M’ouais mais bon ! tu dis ça et pis tu feras rien. Il ne manquerait plus qu’ils fassent une tournée pendant les vacances de Noël. Oh ! et puis merde ! A la rentrée je la présente à Edgar ; comme ça il la séduira et tout sera dans l’ordre des choses !… Putain ! Qu’est-ce qu’on se fait chier pendant les vacances.

Chroniqueur

La disco de 16 Horsepower