"> 16 Horsepower - Hoarse - Indiepoprock

Hoarse


Un album de sorti en chez .

Vapeur, Charbon et Rock’n’Roll. Arthur enfile son bonnet. Dehors il caille. Sur le parking de l’usine, un collègue le salue. Pendant les vacances de février, Arthur travaille en équipe dans une fonderie. Il regarde sa montre : 21 heures 07. Il enfourche son bicloune ; direction le bar du Cheval Blanc. Troquet à la sauce […]

Vapeur, Charbon et Rock’n’Roll.

Arthur enfile son bonnet. Dehors il caille. Sur le parking de l’usine, un collègue le salue. Pendant les vacances de février, Arthur travaille en équipe dans une fonderie. Il regarde sa montre : 21 heures 07. Il enfourche son bicloune ; direction le bar du Cheval Blanc. Troquet à la sauce bûcheronne. Lambris et compagnie.
 » Qu’est-ce que tu foutais ?  » Edgar, un demi à la main, est avec deux potes du foot.  » Excuse-moi de bosser !  » Edgar ne sais pas ce que c’est. Travailler ? Il n’en a jamais eu besoin.  » Bon ! Qu’est-ce tu bois ?… J’te l’offre  » Gosse de riche… qui sait aider ses amis dans le besoin : son père est le P.D.G. de la fonderie où est employé Arthur.  » Un demi-pression. Merci !  » Les deux pousseurs de ballon parlent d’un derby du nord. Arthur s’en fout. Au fond, prés du zinc, Edgar sourit à une fille. Il lui glisse un mot à l’oreille. Un type s’interpose et en moins de dix secondes un verre à pied s’envole éclabousser le public.

6 mai 1998. The Bluebird Theather. Denver, Colorado.
Respiration d’accordéon ; soufflets en haleine ; contrebasse bougonnant sous un tempo de batterie ; cordes vocales tendues.  » The little angel held out her hand, Sayin’ Father, Father I love you…  » Résonance d’écorchures d’American Wheeze.
16 Horsepower. Hoarse.
 » Bring your blade and your gun, And if I die by your hand, I’ve gotta home in glory land  »
Milieu des années quatre vingt dix, un album sombre et mélancolique renouvelle la musique rock’n’folk. Rencontre de la tristesse de l’accordéon et de la joie du banjo. Rencontre de David E. Edwards et de Jean-Yves Tola. Sackcloth’n’Ashes vous prend par les tripes. Il ne peut vous rendre indifférent. Et si comparaison il devrait y avoir alors Sackcloth’n’Ashes serait un film ; et ce film serait Dead Man.
Puis il y aura Low Estate, produit par John Parish. Du même acabit, il confirmera le précédent non seulement par son mélange musicale mais aussi par son discours non-manichéen. En toute confession, les textes font religion du bien et du mal ; exégèses caractérisant la souffrance de l’être humain à accepter sa lâcheté et ses contradictions. Même les anges ont leurs démons.  » The devil is in his eye…  »  » The Lord’s eye did find you…  »
A cet époque, dans les compartiments, quelques usagers deviennent des habitués : le partisan a toujours l’esprit du feu. Nos désirs les plus noirs ne pouvaient que suivre ce train.
16 Horsepower, ce n’est pas seulement des chercheurs d’or déambulants dans la neige boueuse des rocheuses en quête de Rédemption et du rêve américain ; 16 Horsepower, c’est aussi le refus d’allégeance, la résistance et la révolte populaire. C’est une impression de liberté. C’est une minute de silence.
Nouveau millénaire, nouvelle maison de disque. Secret South – côté moins obscure de la force de la locomotive – sort sous le label Glitterhouse Records. Et finalement un an plus tard ils nous offrent un disque live (*) magnifique en souvenir du bon vieux temps d’A&M Records. Ambition commerciale ? Peut-être… mais on s’en fout car 16 Horsepower est un pur groupe de scène, d’un genre inclassable – ou original – par son alliance d’accordéon, de banjo, de contrebasse, de guitares électriques et de sensibilité d’âme(s).
« O Lord clear mY bed for once again I scar the soul of that girl in my head ».

Le sol est vert pâle. Les murs blancs. Arthur est assis dans le couloir du service d’urgence du CHU. Edgar est en train de se faire recoudre l’arcade. Pendant la bagarre générale Arthur n’a pas bougé. Il a regardé, lâchement. Et dans ce corridor désinfecté l’opprobre le bouffe à l’intérieur. Sa conscience lui fait mal.
Edgar se pointe tout sourire avec son énorme pansement sur la tronche. Explications. En ramenant la bière du bar il a croisé une blonde et lui a murmuré qu’il la trouvait jolie.  » Tout de suite son mec s’est pointé…  » Alors Edgar lui a avoué qu’il aimerait bien sortir avec sa copine. Spontanéité ou folie ? Résultat : un oeil au beurre noir et six points de suture.  » En tout cas merci d’être venu avec moi  » Arthur rougit de honte.  » C’est la moindre des choses : j’uis même pas venu te défendre  » Edgar l’attrape par le cou joyeusement.  » Attends ! Tu n’as pas à te morfondre pour ça ; j’uis assez grand pour me défendre tout seul. Et puis tu n’as pas à subir les conséquences de ma libido… Aller viens chez moi ! J’te dois toujours une bière  » Les deux amis quittent l’hôpital. Dehors, sur le parking gelé, les gyrophares bleus d’une ambulance dansent.

Chroniqueur

Tracklist

  1. American Wheeze
  2. Black Soul Choir
  3. Bad Moon Risin'
  4. Low Estate
  5. For Heaven's Sake
  6. Black Lung
  7. Horse Head
  8. South Pennsylvania Waltz
  9. Brimstone Rock
  10. Fire Spirit
  11. Day of the Lords

La disco de 16 Horsepower