"> Abby - Hexagon - Indiepoprock

Hexagon


Un album de sorti en chez .

5

Toujours pas distribués en France, les Berlinois d'Abby sont néanmoins de retour.

C’est connu, les bons groupes et bons albums n’ont pas forcément pignon sur rue partout. On vous a ainsi déjà parlé des Berlinois d’Abby et de leur succès naissant  outre-Rhin avec leur album « Friends And Enemies » paru en 2013. Deux ans plus tard, le groupe est de retour, mais, en dehors du streaming, de la version digitale ou de l’import, pour mettre la main sur « Hexagon » en France, pas facile. Bref, une fois cet écueil passé, on a envie d’en venir au fait et de savoir comment le groupe a évolué après la belle réussite de « Friends And Enemies ».

On avait aimé leur précédent album pour sa fraîcheur, ses mélodies hyper-bien troussées, leur goût pour les arrangements modernes. Sur ce nouvel album, Abby change clairement de braquet au niveau de la production. Leur penchant pour les ambiances electros s’affirme franchement, dès Hush, les textures sont complexes, fouillées, et virent même à l’ambient en milieu d’album sur des titres comme Birth, Hexagon, Friendly Fire ou Sane And High. Résultat, il n’y a plus guère que sur Time Is Golden et Island, qui clôt l’album, qu’on retrouve l’évidence pop et directe, et encore, sur le dernier titre cité, on reste dans un registre intime. Cette évolution donne indéniablement de l’épaisseur au groupe, qui tourne le dos à la facilité pour se lancer dans un exercice plus exigeant, à base de titres emphatiques et parfois tortueux. Et, même si lâcher des comparaisons est toujours un peu tordu et hasardeux, surtout quand elles ont un côté tarte à la crème, on ne peut s’empêcher de penser à Radiohead, jusque dans le chant sur un titre comme Halo.

Comparaison flatteuse ? C’est à voir. On a le droit d’aimer l’évolution cérébrale et hermétique prise par le groupe d’Oxford depuis le début des années 2000, on a le droit aussi de penser qu’ils se sont éloignés de nous. Avec Abby, même impression. « Hexagon » contient de très beaux moments, notamment Halo, dont on vient de parler, qui n’oublie pas de tresser une ligne mélodique qui force le respect. Birth s’avère difficile à apprivoiser, mais avec de la patience, on décèle dans l’enchevêtrement des arrangements hyper-sophistiqués une vraie beauté. On est déjà moins convaincus par EMA qui avec ses choeurs et son rythme jungle glisse vers le clinquant, on reste dubitatifs devant Ocean et Hold Out And Drive. Car, travers finalement assez répandu, à vouloir trop en faire sur la forme, Abby délaisse l’écriture et délivre quelques coquilles creuses. On le sait, le mieux est l’ennemi du bien. Pour « Hexagon », le groupe a certainement bénéficié de plus de moyens que pour ses disques précédents et s’est laissé griser. Les Berlinois n’en gardent pas moins notre estime, ne serait-ce que par leur refus de la facilité et l’expression d’un talent et d’une ambition indéniables.

Rédacteur en chef

La disco de Abby

Hexagon5
50%

Hexagon

Friends & Enemies7
70%

Friends & Enemies