Avi Buffalo

Trois ans après avoir écrit et composé le successeur de son remarquable premier album éponyme, Avi et sa troupe on pris le temps de soigner leur retour avec un nouvel album laissant entrevoir, au passage, l'aboutissement de son ère post-boutonneuse...

À en croire le cover-art et les dernières photos promotionnelles montrant Avigdor Zahner-Isenberg prendre seul la pose avec un sérieux presque désarmant, on aurait pu présumer que le lead d’Avi Buffalo divague désormais isolé de ses trois partenaires accrédités du premier effort éponyme du groupe, édité chez Sub Pop au cœur du printemps 2010.

Au diable les présomptions -pourrait-on dire- car, au-delà des ces clichés trompant aveuglement l’assistance, l’entité californienne, déclinée il est vrai comme le projet solo de l’ami Avigdor, demeure dans sa configuration scénique un quatuor à la candeur modeste, certes, mais indubitable.

D’un artiste ou d »une formation aux traits juvéniles, il est bien souvent attendu que le second souffle soit celui de la « maturité ». Si l’espoir en question conserve parfois toute sa relativité, Avi Buffalo prouve par l’introductif So What et quelques autres pièces adjacentes (Memories Of You, Found Blind, Think It’s Gonna Happen Again…) qu’il sait toujours distiller des pop-songs habiles et vivifiantes, dessinées encore par quelques lignes insouciantes mais revêtues, cette fois-ci, d’une assurance beaucoup plus distincte dans l’interprétation et le songwriting, qui évoque tour à tour la famille, la mort ou encore ses souvenirs nostalgiques.

Loin d’avoir paru écervelés sur leur premier essai, « At Best Cuckold » marque pourtant l’envol des Californiens et de son buffle en chef vers l’âge adulte, celui d’un monde où, musicalement parlant, la désir de délester ses acquis et de prendre davantage de risques deviennent plutôt des éléments fondateurs que de l’inconscience en règle.

En ce sens, Zahner-Isenberg a pour la première fois construit ses titres sur la base de l’overdubbing (enregistrement d’un morceau par-dessus un autre, capturé au préalable à l’aide d’un téléphone mobile), avouant même plus tard qu’il s’agissait là de son meilleur outil de création. En outre, divers instruments sont également venus étoffer les compositions du groupe, à commencer par la présence prononcée d’un piano (Overwhelmed With Pride, She Is Seventeen), mais aussi par une délicate eurythmie de cuivres (cors d’harmonie, saxophone, clarinette…) délivrée à grand coups de ballades imparables (Two Cherished Understandings, Oxygen Tank, Won’t Be Around No More…) rendant, au final, la lecture de l’ensemble aussi paisible que savoureuse.

Si l’album n’a de racoleur que le titre (allez donc chercher la signification du mot « Cuckolding »…), l’esprit pop sixties et la légèreté maîtrisée qui se dégagent de son contenu confèrent au retour d’Avi Buffalo l’assurance de ne pas laisser vos oreilles traîner n’importe où. Ou comment survivre aux affres de la rentrée avec un supplément de quiétude, voire prolonger votre été par quelques rayons de soleil chatoyants…