Babx

Dans la proliférante famille de la chanson française, on n’en finit pas de distinguer le bon grain de l’ivresse d’un Miossec ou d’un Dominique A, et l’ivraie de gars juste bons à nous distraire quelques minutes – Bénabar, Raphael et consorts. Nouveau venu au sein cette cohorte hétéroclite, Babx cherche, de son propre aveu, à […]

Au départ, dérouté, on cherche. Le son, les chansons de Babx n’ont rien de formaté, rien d’évident, et pourtant l’ensemble parait étonnamment familier. Une instrumentation entre blues et cabaret à la Tom Waits, très « Rain Dogs »? Peut-être, mais ce n’est pas ça… Une voix rappelant Louise Attaque? Non plus, la référence est plus retorse…

Puis tout s’éclaircit lorsque l’on retrouve enfin le nom qu’on savait avoir sur le bout de la langue depuis le début. Cette façon de racler les R, d’osciller entre diction appuyée et chant hypnotique, de découper parfois les syllabes une à une pour mettre en évidence le jeu sur les sonorités, ces rythmes chaloupés, entre pop jazzy, bossa électronique, rock déglingué… tout ça, c’est Di Maggio. Di Maggio, ce duo honteusement oublié qui nous avait gratifiés en 2000 d’un album dont on attend encore que soit reconnu son statut de classique en devenir, et dont on reste sans nouvelles depuis.

Du coup, Babx perd quelques points d’originalité, et on se prend à se souvenir des mémorables Madame X ou Nana Toshiko. Mais il serait injuste d’en tenir rigueur à ce talentueux débutant. S’il navigue sur la voie d’une étrangeté déjà balisée par les précurseurs Di Maggio, Babx délivre tout de même, et avant tout, des chansons aux mélodies tortueuses et séduisantes, aux orchestrations variées, d’une richesse envirante. Babx peut également s’enorgueillir de textes qui font souvent mouche, riches de trouvailles, expérimentant volontiers des chocs de sonorités déroutants. Au final, ce premier album emporte, haut la main, l’adhésion. Un disque brillant, dense, qu’on n’est pas près d’épuiser.