Il est toujours salutaire au cours d’une année musicale d’aller à la rencontre d’albums qui ne sont pas annoncés des mois à l’avance, attendus fièvreusement, et de s’adonner au plaisir de la découverte, sans a priori. Encore plus lorsqu’ils sont issus d’une écurie du calibre de Jagjaguwar, qui constitue l’un des plus sûrs viviers de […]
Il est toujours salutaire au cours d’une année musicale d’aller à la rencontre d’albums qui ne sont pas annoncés des mois à l’avance, attendus fièvreusement, et de s’adonner au plaisir de la découverte, sans a priori. Encore plus lorsqu’ils sont issus d’une écurie du calibre de Jagjaguwar, qui constitue l’un des plus sûrs viviers de groupes, d’Okkervil River aux Besnard Lakes, qui voient les choses et la musique en grand. Sur "In The Future", Black Mountain ne dépare pas au sein de cette belle écurie.
Le groupe réussit d’ailleurs la double gageure de faire rentrer dans la pop indé des riffs de guitare tout droit venus du heavy metal et d’abriter un batteur qui martyrise ses fûts comme une brute épaisse sans qu’on lui intime l’ordre de calmer un peu ses ardeurs, bien au contraire ! Qu’est-ce qui fait donc que l’on adhère à ce cocktail ? Le sentiment que l’on chevauche une grande vague dévastatrice, qui revendique sa liberté et celle de libérer son auditeur. Un morceau comme Stormy High défie les lois de la gravité, des structures, et ne répond qu’à l’impératif de servir une mélodie endiablée en la parant de violence, de moments planants, de toutes sortes d’émotions que tout amateur de musique a forcément croisées un jour mais n’a pas toujours vues mariées. Ailleurs, Black Mountain est également capable de resserrer un peu le propos et de nous offrir des morceaux lascifs imparables (Angels) ou à la puissance incantatoire éprouvée (Stay Free).
Après cela on ne s’étonnera pas de les entendre nous caresser les oreilles avec une ballade psychédélique ou glisser un petit clin d’oeil au glam façon Bowie. Pas surprenant non plus qu’ils intitulent un morceau Bright lights et le transforment en messe noire qui abolit les chapelles musicales avant de le terminer en bacchanale, le tout en quelque quinze minutes. Black Mountain nous annonce le futur en adressant un grand bras d’honneur aux conventions ; on souhaite que bien d’autres s’engouffrent dans la brèche.
- Publication 415 vues2 février 2008
- Tags Black MountainJagjaguwar
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