"> Bonnie 'Prince' Billy - The Letting Go - Indiepoprock

The Letting Go


Un album de sorti en chez .

Que de surprises réserve le tout dernier Bonnie "Prince" Billy à nos oreilles impatientes… qui pour le coup sont quelque peu désarmées. "The letting go" se profile comme les premières fraîcheurs automnales : par delà la mélancolique qui recouvre d’une rosée matinale ces douze nouveaux morceaux, se déroulent sereinement de grands espaces lumineux et cristallins. […]

Que de surprises réserve le tout dernier Bonnie "Prince" Billy à nos oreilles impatientes… qui pour le coup sont quelque peu désarmées. "The letting go" se profile comme les premières fraîcheurs automnales : par delà la mélancolique qui recouvre d’une rosée matinale ces douze nouveaux morceaux, se déroulent sereinement de grands espaces lumineux et cristallins.

Des compositions plus ensoleillées qu’il n’y paraît, moins chargées de la mélancolie existentielle qui caractérisait tant les albums précédents. Pour atteindre cet équilibre fragile, Bonnie s’est donné les moyens, en comptant sur ses fidèles appuis, entre autres, Paul Oldham (le frère, toujours là tapi dans l’ombre) à la basse, et Dawn McCarthy, chanteuse country, qui enrobe de son timbre radieux la voix grelottante de l’artiste. Mais parmi les éléments qui donnent tant de caractère à ce nouvel album, il faudra autant souligner la cure de jouvence du style de Bonnie que son choix d’abandonner un bref instant le Missouri pour gagner les terres d’Islande et s’assurer ainsi la production soigneuse de Valgeir Sigurdsson. Ce n’était pas chose aisée que d’enluminer de manière si éclatante une atmosphère fragile et des harmonies dépouillées sans en faire trop.

Le résultat est pourtant pimpant : on retrouve l’univers de Bonnie, avec des compositions très aérées dont les textes sont moins enclins au doute qu’à la sagesse, et enrichies à merveille par les prouesses de la production. Des violons présents, sans jamais être encombrants, quelques touches de guitare électrique, une batterie très spatiale, un mariage savant des voix, le tout ne faisant que donner plus de prestige et de délicatesse au silence. Le disque réserve quelques audaces comme Lay and Love avec sa batterie très « sous-marine » irriguée par de fins arpèges, ou encore le très déstructuré I Called You Back (le morceau caché) avec ses voix doublées évitant avec brio les clichés, et son instrumentation bancale assez inédite – descente de toms empilés et réverbérés, guitare slide lymphatique.

Et puis il y a ces morceaux qui chatouillent le cœur : les premières mesures de Then The Letting Go, et God’s Small Song duquel se dégage une spiritualité étrangère aux églises. A vrai dire, chaque morceau apporte son lot de subtilités originales. Cependant, il ne faudra pas s’arrêter à Love Comes To Me qui risque de déconcerter les oreilles avant tout avides de la spontanéité habituelle de notre gringalet barbu. Le très court Cold & Wet et The Seedling, avec ses violons  trop larmoyants, paraissent également un peu en dessous du reste.

Au final, c’est une musique toujours pleine d’humilité et d’abnégation, comme une longue balade en solitaire parmi les sentiers froids du matin. Bonnie "Prince" Billy, loin de se complaire dans la jolie réputation qui le précède signe au contraire l’une de ses plus grandes réussites, sonnant l’heure de la maturité.

Chroniqueur
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