Retour incandescent d'un des groupes les plus abrasifs connus à ce jour.
Boss Hog, c’est l’histoire d’une renaissance. Sortis des ruines de feu les Pussy Galore, le groupe a émergé à la fin des 80’s autour du couple Cristina Martinez (chant) / Jon Spencer (guitar). Adeptes d’un garage rock jusqu’au-boutiste teinté de funk des plus acéré, le groupe s’est fendu de trois brûlots dans les années ’90. En sommeil depuis 16 ans (tout est relatif, eu égard aux autres projets de Jon Spencer notamment), le groupe s’est signalé en 2016 avec l’EP « Brood Star » et la tournée qui a suivi. Nous voilà donc avec ce tout nouveau quatrième album, « Brood X » qui sonne définitivement le retour en grâce d’un groupe rock jusqu’au bout du médiator…
Il est de ces personnages qui ne vieillissent pas, dont on a aucun doute sur le fait que leur mojo restera éternel. Il y a bien longtemps que l’on a « rangé » Jon Spencer, le Elvis punk, dans cette catégorie. Eh bien on peut dès les premières notes de chant affirmer que les seize ans passés n’ont en rien entamé le sex-appeal rock’n’roll de sa compagne. Sulfureuse, percutante, débordante de feu sacré, Cristina Martinez va réellement transcender tout l’album par sa prestance (et dieu sait que nous sommes presque formatés à ne parler que de son mari). Dès le riff tendu sonic youthien de Billy, on sent bien que l’heure n’est pas aux tergiversations et la voix scandée, assénée telle des uppercuts sera là pour enfoncer le clou. A ce titre introductif, comme au reste de l’album, l’inconditionnel de Jon Spencer sera frappé par le recours aux claviers et à certaines sonorités vintage, rappelant presque Metronomy, un Metronomy en forte crise de violence et de noirceur aiguë.
Faute de clip, voici la performance du groupe sur l’excellente radio KEXP pour la sortie de « Brood Star »
Autre référence, osée, soit, serait de penser aux Dead Weather, pour leur image « rock incandescent », primal, et figure féminine forte. Par contre, nous arrêterons la comparaison ici, tant la densité et la puissance de Boss Hog relèguent le super-groupe sus-nommé à une pâle incarnation de groupe de trottoir à la fête la musique. Oui, le propos est mature et pertinent, le groupe réussit parfaitement à transmettre le sens instinctif du rock, simple et direct. « Brood X » est ultra-cohérent et consistant, pro et à propos. On savoure particulièrement les duos du couple (Ground Control, Signal), profitant d’un effet miroir qui suffirait à lui-même à insuffler le rythme des morceaux.
Au rayon six cordes, le spectre est large mais toujours parfaitement censé dans l’évolution du morceaux. A tendance pop sur Rodeo Chica, funky sur le final de Signal, punk ou soul sur Elevator, où ressort également le grand travail d’arrangements et des claviers, présentés en amont comme potentiellement désarmants pour l’inconditionnel de Spencer (on arrive presque parfois à penser aux Ting Tings sur certains passages de Formula X). Ce subtil et pourtant omniprésent travail fera plus que renforcer l’effet des cordes et percussions et offre parfois de vrais ponts iconoclastes en plein milieu de mélodie.
« Brood X » est par essence le fameux « album de la maturité », tant on sent de l’intégrité, de la certitude sur chaque seconde produite. S’il existe un stade ressemblant à de la sagesse dans une vie de rock, Boss Hog s’y promène allègrement avec un goût très new-yorkais pour le mélange des cultures. Jamais facile (ces percussions au beau milieu de Ground Control !!!!), et pourtant toujours efficient, il s’agit clairement d’un indispensable dans une discographie de blouson noir.
- Publication 1 993 vues27 mars 2017
- Tags Boss HogBronze Rat Records
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