C.R. Avery pourrait être le nom d’un cow-boy. On n’est pas loin de la vérité à entendre à la vitesse à laquelle il enchaîne les phrases comme on dégaine un pistolet. Le canadien est un slameur imprégné d’une bonne culture américaine et même afro-américaine. Il jongle avec les styles sur "So It Goes" : hip hop pour commencer (Motel Room), soul et surtout le blues. Il dépoussière ce genre en lui insufflant une énergie nouvelle. Il met fin aux conventions. Le solo de guitare qui boucle la musique du diable disparaît. C.R. Avery est le démon en personne. Sa voix légèrement cassée fait naître le chaos et ça fait du bien. Le blues avait besoin d’être bouleversé. Cela fait trop longtemps que cette musique repose sur ces acquis millénaires. Ce n’est pas pour autant que le chanteur ne respecte pas les traditions, les basiques sont présents : instruments traditionnels (Tragic Figure), attitude rageuse, structure identique. La révolution qu’il opère porte plus sur ce qu’il apporte à ce style : il électrise l’harmonica (Dungeon Of Love, Planet Boiler Room), slame sur le rythme ternaire voire apporte une touche electro.

C.R. Avery est un artiste à part dans le monde indépendant. Il n’a ni dieu ni maître et suit son instinct pour créer une musique vraiment originale et en marge de tout ce que l’on peut entendre. Il est unique. Une fois de plus Platinum Records a mis en circulation une boule d’énergie qui confirme cet excellent début d’année du label bordelais.