Chicken Diamond

Trashou comme tout, Chicken Diamond nous livre un brûlot garage blues incendiare

Blues is the teacher, Punk is the preacher, cette maxime empruntée aux BellRays de Detroit sonne comme un leitmotiv à cet opus du soliste Chicken Diamond. Les structures blues président à la composition de chaque titre mais avec une rage, une urgence et une démarche iconoclaste qui hument bon le garage punk.

Chicken Diamond martyrise sa guitare, sa grosse caisse, ses pédales, ses structures, et surtout sa voix dans un tourbillon incontrôlable. Le monsieur est plus qu’habité, il est réellement possédé et quand il se pare de ses missels à 6 cordes ou de ses fûts messianiques, il entre en transe mystique et donne vie à une musique gut(s)turale et organique.

Les dix titres constituant cet album sentent la poudre et la poussière, les cendres de R.L Burnside, Junior Kimborough. Tous ces anti héros du delta blues hantent chaque seconde qui défilent au rythme endiablé dans lequel Chicken Diamond nous a poussés d’un coup d’épaule de pogoteur. Mais sans renier ses influences flagrantes, le one man band casse ses propres codes, la base musicale reste facilement identifiable mais se consume de toute part sous un feu de rage primale qui rappelle le rockabilly furieux des Jim Jones Revue. Bien entendu, il ne faut pas être réfractaire au blues, qui reste la couleur principale de ce disque, il faut aussi avoir un certain goût pour la saturation et l’esprit punk, voir le son DIY, au risque de se voir prescrire trois jours de repos forcé. Mais si tant est que vous soyez un minimum enclin à la délectation de ces différents courants, quel plaisir, une forme de jouissance sensitive qui ne semble pas faire raisonner que l’ouïe.

Un LP donc très marqué où le mélange des styles, loin d’être une compromission, est voué à durcir le ton, taper du poing sur la table et à vociférer « take it or leave it! »

S’il ne devait en rester qu’un titre : It’s Not Him.