Finalement, le deuxième album n’est peut-être pas tant que cela le piège que tout le monde décrit toujours. Ou plutôt, quand on a l’opportunité de faire un disque sans pressions particulières, le second peut s’avérer l’occasion de prendre un peu de recul et de mettre à profit la bouteille gagnée sur scène ou ailleurs. C’est […]

Finalement, le deuxième album n’est peut-être pas tant que cela le piège que tout le monde décrit toujours. Ou plutôt, quand on a l’opportunité de faire un disque sans pressions particulières, le second peut s’avérer l’occasion de prendre un peu de recul et de mettre à profit la bouteille gagnée sur scène ou ailleurs. C’est ce qui s’est passé pour les Cornflakes Heroes, qui ont parfaitement profité de leur second opus pour élargir leur palette et confirmer leur talent.

Mais quand on arrive au troisième album, là, plus d’échappatoire : soit on s’affirme complètement dans la durée, soit les premiers signes d’essoufflement, ou du moins les premières limites, apparaissent. Dans le cas de nos Cornflakes Heroes, on parlera d’un champ d’action qui se circonscrit. Entendre par là que le groupe maintient haut la main le cap sur les fondamentaux : rythmiques efficaces, belle cohésion du jeu, bel aplomb pour installer une ambiance, puis la bousculer. Si on devait cependant pointer une limite, elle serait sans doute du côté de la voix, qui, de disque en disque, n’évolue pas et tasse un peu le relief que certains morceaux pourraient prendre, même si à d’autres moments (les titres les plus enlevés), on ne trouve rien à y redire. Mais le plus important reste qu’il y a des instants où les saillies de guitare impressionnent littéralement par leur incisivité et leur consistance. Le temps d’un Road Dign tout en force tranquille, le groupe devient ainsi notre Sonic Youth national. D’autres fois, ils arrivent aussi à lâcher les guitares et à s’amuser avec un moog, avec une virtuosité ludique sur In an avalanche. Et puis ils réussiront encore à illustrer sans contradiction les deux pôles entre lesquels ils évoluent sur Your Eyelids Are Waterproof en démarrant avec solennité avant d’accélérer le tempo et de saupoudrer le tout d’un brin de délire psyché.

Au final, les Cornflakes Heroes emportent donc le morceau. Certes, on sait désormais de manière plus définitive que leur destin est et sera de cultiver le jardin imaginé par Sonic Youth dans ses moments les plus soft ou encore Pavement. Mais tant qu’lls seront capables d’habiter avec autant de talent cet univers que beaucoup d’autres n’auront souvent fait que fantasmer, pas d’ambigüité : il faudra prêter l’oreille.

• Publication 358 vues9 juin 2011
• Tags Cornflakes HeroesGreed Recordings
• Partagez cet article