Cursive

Une impression désagréable nous envahit en commençant d’écouter « Happy Hollow » de Cursive – groupe emo-punk venu du Nebraska – et une question nous vient immédiatement à l’esprit : mais qu?est-ce qui a pris à Tim Kasher, de vouloir chanter comme Dexter Holland, le leader des infâmes Offspring ? Comme on a passé l’âge de jouer au skate-board, l’album s?apprête à rejoindre la pile des disques que l’on voudrait bien offrir à son pire ennemi. Pourtant sous ses airs bourrins, « Happy Hollow » cache bien son jeu, et il serait dommage de dégainer les armes trop vite.

Ces quatorze plages forment une petite collection de titres alliant la power-pop et la puissance du hardcore. On est presque surpris d’apprécier la plupart de ces morceaux, faisant la part belle à une rythmique puissante, des guitares hurlantes. Trompettes et autres instruments à vents viennent donner une ampleur et une profondeur supplémentaires à ce type de musique. Il serait dommage de bouder notre plaisir à l’écoute de ces titres plutôt bien construits et parfois audacieux, à défaut d’être innovants. En effet Cursive calme parfois le jeu avec Bad Sect, ose aller faire un petit tour du côté du ska avec Retreat, et nous démontre qu?il est capable de faire des morceaux à tiroir avec Opening the Hymnal/Babies.

Mine de rien les textes abordent des thèmes comme l’obscurantisme religieux, les problèmes de couples ou la vie dans une ville américaine paumée. On a entendu moins original et plus naïf dans des groupes que l’on prétend fréquentables. Moins idiots qu?ils n’en ont l’air, les titres de « Happy Hollow » fonctionnent plutôt bien, et Cursive garde finalement une approche assez modeste pour confectionner de puissants morceaux. On tombe finalement sous le charme de ces proto-Weezer, malgré une voix parfois insupportable.