Damien Jurado

Il y a peu, on vous parlait de The Tallest Man On Earth et de sa ressemblance avec le Bob Dylan des premières années, et bien on pourrait presque dire la même chose de Damien Jurado, mais en le comparant à un autre songwriter légendaire, le grand Neil Young. Une référence qui saute aux oreilles dès les premières notes de piano que l’on peut entendre sur l’inaugural Cloudy Shoes, il y a dans cette voix aigue des inflexions tristes qui évoquent assez facilement le Loner. Faut-il pour autant en vouloir à Damien Jurado ? Non bien sûr, le songwriter en est déjà à son dixième album et a suffisamment de bouteille pour donner à ces douze titres une teinte personnelle des plus appréciables.

Sur une bonne moitié du disque, on peut entendre des ballades romantiques et mélancoliques, centrées sur un piano pas très joyeux et la voix de Damien Jurado, qui fait penser parfois à un enfant qui va pleurer. Sur le reste, Damien Jurado reste nu avec sa guitare folk, se révèle là des plus touchant, et nous livre ses morceaux les plus personnels, comme les immenses Beacon Hill, Pear et Kansas City. Seule Wallingford vient apporter une touche d’électricité des plus impressionnantes, Damien Jurado trouve ici son Crazy Horse et fait chauffer les lampes des amplis, ça grince et ça réchauffe un bon coup.

Le songwriting de Damien Jurado se révèle donc des plus poignant et habité, cette musique réussit à garder un je-ne-sais-quoi d’intemporel, on navigue de titre en titre, passant d’une folk-song si belle qu’elle pourrait vous tirer instantanément des larmes à un pop-song ouvragée avec précision. Avec ce dixième disque, Damien Jurado a de quoi rejoindre le club très fermé des grands compositeurs folks.