"> Darkside - Psychic - Indiepoprock

Psychic


Un album de sorti en chez .

9

Il y a bien longtemps que sons organiques et électroniques se mélangent allègrement, pourtant, quand un guitariste et un tenant de la techno minimale se rencontrent, on tend l'oreille, ne serait-ce que par curiosité.

Darkside est donc le projet de Nicolas Jaar et du guitariste Dave Harrington et « Psychic » leur premier album ensemble, après un EP en 2011. Un album dont il est difficile de savoir d’avance à quoi il va ressembler, même si on peut l’imaginer planant plutôt que parcouru de beats rageurs déchirés par des larsens. Car la particularité de Nicolas Jaar, sa marque de fabrique, si on ose parler ainsi, c’est son refus de dépasser les 100 bpm, et encore, pour lui, c’est déjà rapide. Un parti-pris qui n’est pas un défaut, loin de là, la seule crainte étant de se retrouver confrontés à de longues plages lancinantes, pas forcément cohérentes et de vite voir l’ennui pointer son nez.

Pourtant, dès Golden Arrow, le duo montre une réelle habileté à se jouer du temps. Car si le morceau franchit les dix minutes, s’installe tranquillement puis distille une ligne mélodique et des arrangements oniriques, ponctués d’un petit accord de guitare tout simple, on jurerait qu’il dure moitié moins longtemps, au point qu’on est presque frustrés quand il se termine. Alors, ça tient à quoi ? À son refus de l’emphase, certainement, rien n’étant étiré ni superflu. À sa structure, qui happe lentement l’auditeur, sans le brusquer ni jouer avec lui, et à son chant, qui intervient en milieu de parcours et donne une dimension encore plus touchante à ce sommet de délicatesse.

Sur la suite de l’album, c’est la même justesse qui va nous convaincre que « Psychic », en dépit de son dépouillement et de sa discrétion, est un des plus beaux gestes de cette fin d’année. Mais pour l’apprécier pleinement, il faut s’en donner un minimum les moyens : éviter les nuisances sonores autour qui viendraient parasiter cette musique fragile, éviter tant que possible de faire autre chose en même temps quand le disque tourne sur la platine… Alors, on peut goûter pleinement à de vrais moments de grâce, s’émerveiller de la parfaite complémentarité entre les deux musiciens et leurs deux univers. Sur Heart, c’est la guitare de Dave Harrington et ses petits accords presque jazzy qui donnent envie de claquer des doigts qui vont faire la différence, plus loin, sur The Only Shrine I’ve Seen, on va commencer par errer dans un paysage nocturne, au gré de petits beats métronomiques, puis la guitare va venir s’immiscer dans le morceau et lui donner une tonalité plus enlevée, plus accrocheuse, avant qu’une longue plage synthétique et de rares vocalises nous fassent glisser vers un final brumeux. Sur Metatron, on se laisse porter par un motif mélodique plus évident, plus limpide, mais toujours envoûtant. On pourrait continuer ainsi, chercher à cerner chaque morceau, mais l’exercice se révélerait rapidement vain, « Psychic » étant par nature un album évanescent, qui se ressent plus qu’il se décrit. Un album qui est tout cas le résultat d’une belle émulation et qui viendra une fois de plus démontrer qu’on peut faire plus avec moins, qu’il faut savoir retrancher plutôt qu’empiler. Un tel rappel est toujours salutaire.

Rédacteur en chef
  • Publication 697 vues14 novembre 2013
  • Tags DarksideMatador
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Tracklist

  1. Golden Arrow
  2. Sitra
  3. Heart
  4. Paper Trails
  5. The Only Shrine I've Seen
  6. Freak, Go Home
  7. Greek Light
  8. Metatron

La disco de Darkside

Psychic9
90%

Psychic