C’est dans le dernier numéro de The Wire que l’on apprend que Deerhoof existe déjà depuis seize ans. Un période faste et une occasion supplémentaire pour découvrir toute leur discographie, dont l’intransigeance saute toujours à l’oreille lorsqu’on écoute « Friend Opportunity » ou « Green Cosmos ». Ca sonne comme de la musique expérimentale, mais […]
C’est dans le dernier numéro de The Wire que l’on apprend que Deerhoof existe déjà depuis seize ans. Un période faste et une occasion supplémentaire pour découvrir toute leur discographie, dont l’intransigeance saute toujours à l’oreille lorsqu’on écoute « Friend Opportunity » ou « Green Cosmos ». Ca sonne comme de la musique expérimentale, mais avec une construction pop assez efficace, des guitares barrées, la voix aiguë et enfantine de Satomi Matsuzaki qui chante parfois en anglais, parfois en japonnais. Comme si les mélodies de chaque morceau essayaient de sonner à la façon de ces morceaux de verre que l’on jetterait au sol dans l’espoir que ça ressemble à la gamme de do.
Le souci de mélanger la pop la plus accessible et des expérimentations les plus étranges, on retrouve ça sur « Deerhoof Vs Evil », disque presque dansant malgré ses constructions aventureuses. On les imagine bien tous les quatre dans le studio, à essayer plusieurs idées différentes, à échanger les instruments, tiens aujourd’hui c’est toi qui prend la basse, toi la guitare et toi la batterie, et à chercher de nouvelles combinaisons sonores tout en privilégiant un certain sens du rythme. On prend même les guitares acoustiques pour se lancer dans quelques élans légèrement hispanisantes avec No One Asked Me To Dance.
Des titres que l’on peut écouter à n’importe quel moment de la journée, Super Duper Rescue Heads ! et sa basse mélodique plutôt pour le matin, on se garde I Did Crimes For You et son intro jouée à la guitare acoustique pour le soir et l’électricité contenue de The Merry Barracks pour reprendre un peu de l’énergie. Deerhoof a seize ans et sonne parfois comme un adolescent qui se révolte contre l’autorité, contre son propre corps, puis un autre jour il change d’avis et part obéir bien sagement à ses parents. Il y a de la dissonance, de la violence, et de l’ordre dans tout ça, car si les guitares et les basses partent dans tous les sens, la batterie de Greg Saunier demeure toujours d’une intense précision …
C’est aussi dans le dernier numéro de The Wire que l’on peut noter l’influence de Captain Beefheart sur Deerhoof. Une évidence qui saute aux oreilles, même si le groupe n’explore pas la moiteur du bayou ni la noirceur du blues de leur illustre référence. Mais ça donne envie de réécouter Secret Mobilization qui nage parfois dans les mêmes eaux que celles du regretté Don Van Vliet …
- Publication 483 vues10 février 2011
- Tags DeerhoofPolyvinyl Records
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