« Oh m’attendre, à quoi bon ? Pour me pendre au plafond. Me surprendre, en gestation. Pour détendre ma dépression » (A quoi bon) Voici par ces quelques mots, une fenêtre, que dis-je, une immense porte-vitrée ouverte sur le monde de Delaney. Espoir mollasson, rembourrée de tristesse, et si la Parisienne était une poupée en […]
« Oh m’attendre, à quoi bon ?
Pour me pendre au plafond.
Me surprendre, en gestation.
Pour détendre ma dépression »
(A quoi bon)
Voici par ces quelques mots, une fenêtre, que dis-je, une immense porte-vitrée ouverte sur le monde de Delaney. Espoir mollasson, rembourrée de tristesse, et si la Parisienne était une poupée en mousse à qui on avait collé une paire de mirettes et une bouche qui fait la grimace ? C’est pratique pour observer son entourage et en épingler les peines anodines. Discipline dans laquelle elle semble être assez fortiche.
Les deux premières plages (A toute alerte et Sur la place Lili Boulanger) ne facilitent pas vraiment l’immersion. Une voix nonchalente nous donne le point sur ses problèmes de dos ainsi que sur le trafic piétonnier d’une place publique. C’est avec Hard work never pays, que l’on se rend compte que la jeune femme possède un chant, lymphatique certes, mais séduisant. Un chant mature proche de celui de la mère Edith Frost.
Lorsqu’un synthétiseur propice aux mélodies d’ascenseur enjouées (oui, celles qui provoquent des vagues de suicides collectifs aux USA) se lie au texte plaintif de Mes sourires par intérim, cela donne un mélange dérisoire, un grain de sel bienvenu. On découvre une autre facette de Delaney, dont les malheurs deviennent risibles. Une musique tragique nous confirme que si la songwriteuse devait réellement se pendre, ce serait avec un serpentin dans la bouche et un air lassé sur ses yeux exorbités.
Folie ou dépression ? Delaney erre entre les deux avec paresse et dérision. Un disque charmant aux atmosphères nuancées.
