Dick Voodoo

Digestion de tendances rockabilly assaisonnées (à la grosse louche) d'electro/indus pour ce duo Havrais.

Dick Voodoo est le fruit de la rencontre d’un DJ passionné de blues aux accents tortueux et hypnotiques et du chanteur d’un groupe de hardcore oldschool. Oui, il est possible d’employer les termes DJ, blues et hardcore dans la même phrase et ce grâce notamment à un très bon album qui fleure bon le DIY garage des écoles…

Les onze titres qui composent cette production sont tous frappés du sceau d’une musique indus très couleur locale. En ressort une ambiance lourde et poussiéreuse qui ferait presque tousser. Et pourtant, on perçoit, dans un sentiment diffus, la chaleur d’un blues ou d’un rockabilly guttural et bien viril, qui semble n’avoir jamais été là quand on pense enfin avoir mis le doigt dessus. Cela renforce cette gène omniprésente, que l’on accepte bien volontiers, une gène bien connue du mélomane indé, celle qui vous fait glisser dans la platine le vinyle de « Metal Machine Music » de Lou Reed par exemple. Les rythmiques kitsch aux synthés très 80’s côtoient la noirceur d’un Trent Reznor en plein trip (pas très joyeux), le tout magistralement soutenu par un chant tantôt lourd, presque fatigué, tantôt nerveux et rentre dedans, quand il n’est pas – en période d’accalmie- à la limite de la pop; quand on vous dit que l’ambiance qui se dégage, bien que très cohérente, est parfaitement insaisissable…

Alors, sans être non plus une pierre angulaire incontournable de l’indus, « Dick Voodoo » l’album, est habité d’un bout à l’autre par quelque chose de très spécial, qui en rendra plus d’un addict et suscitera au moins chez d’autres un minimum d’intérêt, notamment pour les productions futures. Eu égard aux moyens mis en œuvre certainement peu élevés, le résultat est plus qu’honorable.

S’il ne devait rester qu’un titre : Motorcycle Race.