"> Editors - In this light and on this evening - Indiepoprock

In this light and on this evening


Un album de sorti en chez .

On n’est jamais autant touché que par des œuvres dont on est le contemporain, veut le dicton. On se souvient qu’à ses débuts, PJ Harvey était en permanence comparée à Patti Smith, et qu’elle avait déclaré l’avoir écoutée seulement après qu’on lui ait parlé de cette comparaison, justement. Les Editors, même s’ils n’ont peut-être pas […]

On n’est jamais autant touché que par des œuvres dont on est le contemporain, veut le dicton. On se souvient qu’à ses débuts, PJ Harvey était en permanence comparée à Patti Smith, et qu’elle avait déclaré l’avoir écoutée seulement après qu’on lui ait parlé de cette comparaison, justement. Les Editors, même s’ils n’ont peut-être pas la même envergure que la furie du Dorset, ne se voient souvent même pas accorder le bénéfice du doute, ni du dicton, lorsqu’ils déclarent qu’ils sont trop jeunes pour avoir grandi avec Joy Division. Difficile donc de ne pas lire, ici et là, que ce ne sont que de pâles copies de ces glorieux prédécesseurs. Alors certes, il ne faut pas non plus prendre l’axiome inverse et nier les rapprochements évidents que l’on peut faire entre les deux formations. Mais cela reste injuste de nier que la musique d’Editors existe au-delà de ce cadre, que son identité se forge certes sur la voix grave de Tom Smith, mais aussi sur la dualité entre l’intensité du jeu et la volonté de trouver le refrain et la phrase musicale qui font mouche. 

Sur ce troisième album, le groupe fait évoluer sa texture sonore en remplaçant les guitares par des machines. Et d’aucuns de crier gaiement au pillage, comme si réussir la greffe entre une écriture déjà installée et de nouveaux éléments allait de soi. Car évidemment, le risque de cette évolution était que le disque prenne une tournure martiale, rigide, qui casse un peu l’élan romantique et lyrique du groupe. Toutefois, si l’éponyme In this light and on this evening s’avance comme un métronome dans la brume, pour une entrée d’ailleurs surprenante mais réussie, les Editors vont, un peu plus loin, réussir également  à faire transpirer les machines. Papillon, premier single lancé en éclaireur, est ainsi un titre qui s’affirme capable de s’inviter sur les dance-floors. Plus loin, Eat raw meat = blood drool dompte parfaitement son rythme effréné et endiablé pour donner vie à un refrain évident et finalement plus chaloupé que ce qu’on connaissait jusque-là des Anglais. 

Editors ne renonce pas non plus à sa dimension lyrique et réussit même quelques jolis coups de maître dans ce qui était avant leur principale faiblesse, les morceaux plus calmes. Ainsi, le temps d’un The boxer grave touchant à souhait, le groupe joue sur une phrase mélodique qui s’impose d’entrée pour ensuite installer une intensité qui va crescendo. Même constat sur Like treasure : le morceau prend le temps de s’installer et laisse ensuite tout loisir à Tom Smith de laisser sa voix s’élever avec assurance. Bref, que l’on voie sur cet album coups d’œil dans le rétroviseur ou pas, un constat s’impose : le groupe fait son petit bonhomme de chemin, avec autorité, album après album. Les blasés sont peut-être toujours aussi nombreux, mais il y a quatre ans, ils nous auraient jurés qu’Editors ne tiendrait pas deux ans. C’est autant de bonus pour ceux qui préfèrent la musique aux oiseaux de mauvais augure.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. In This Light and on This Evening
  2. Bricks and Mortar
  3. Papillon
  4. You Don't Know Love
  5. The Big Exit
  6. The Boxer
  7. Like Treasure
  8. Eat Raw Meat = Blood Drool
  9. Walk the Fleet Road

La disco de Editors