"> Elfin saddle - Ringing for the begin again - Indiepoprock

Ringing for the begin again


Un album de sorti en chez .

Elfin saddle est un duo, à la vie comme à la ville, composé de Jordan Mc Kenzie et Emi Honda. Lui est canadien, elle est japonaise, et tous deux se sont connus à Montréal, dans une galerie d’art. Car tous deux, avant d’être musiciens, sont plasticiens, et excellent dans les installations mêlant art organique et […]

Elfin saddle est un duo, à la vie comme à la ville, composé de Jordan Mc Kenzie et Emi Honda. Lui est canadien, elle est japonaise, et tous deux se sont connus à Montréal, dans une galerie d’art. Car tous deux, avant d’être musiciens, sont plasticiens, et excellent dans les installations mêlant art organique et vidéo. La musique était donc pour eux avant tout un habillage sonore pour illustrer leurs oeuvres. On retrouve d’ailleurs cette approche dans la variété d’instruments utilisés, accordéon, ukulélé, clochettes, toutes sortes de choses aptes à faire naître des sonorités originales, instinctives. Mais bien sûr, s’ils en étaient restés là, il n’auraient pas eu matière à faire des albums, ou alors on aurait très vite passé notre chemin. 

Pourtant, "Ringing for the begin again" est tout sauf un agglomérat de musique d’ambiance disparate et rasoir. Au contraire, c’est même un disque très structuré, qui s’articule en trois grands morceaux soignés autour desquels virevoltent de petites pièces charmantes et enlevées, à la fraîcheur étonnante. La première originalité du duo est que, s’ils se partagent le chant, Emi Honda chante dans sa langue natale, le japonais. Cet aspect donne ainsi une touche exotique à leur musique, par le biais d’un phrasé, d’un rythme de la langue qu’on ne croise que rarement. Cela ajouté à l’approche instinctive décrite plus tôt donne un cocktail plus que réussi. Car Elfin saddle se distingue par une volonté de créer un univers lumineux, souriant, extrêmement mélodique, dont Running sheep ou Sakura sont les meilleurs exemples. Menés par la voix claire et juste d’Emi Honda, ces morceaux sont un pur bonheur tout simple. Ailleurs, sur Muskeg parade ou The procession, sur lequel s’invite un tuba, on pensera volontiers à ce que peut proposer Beirut dans ses meilleurs moments, pas tant sur la forme que dans l’esprit de croiser diverses influences et sonorités. 

Comme pour baliser ce disque, The bringer, The living light et The ocean sont placés en tête, milieu et fin d’album, et sont trois pièces plus longues (attention on ne dépasse pas les six minutes tout de même), plus posées et introspectives, mais qui gardent la volonté du duo d’aller vers une montée lumineuse. The bringer est ainsi un morceau qui se déploie lentement pour culminer dans un magnifique final tissé par une ligne de violon digne des plus grands moments mélodiques de Silver mount zion, tandis que The living light doit sa beauté à une approche plus folk, où se mêlent dépouillement et urgence. Quant à The ocean, c’est une lente dérive onirique, paisible et planante, qui nous laisse sur une impression de sérénité. A la fois instinctif, curieux sans être thèseux, exotique et familier, "Ringing for the begin again" est un album extrêmement attachant, qui se prête à l’écoute dans toutes sortes de circonstances, qu’on aime se remettre en boucle pour les plaisirs tout simples à l’oreille qu’il procure. Mais ne pas s’y tromper : si tout paraît évident en surface, Elfin saddle a tissé une bien belle toile qu’on ne reproduit pas comme ça. Gros coup de coeur de l’année.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. The Bringer
  2. Running Sheep
  3. Hammer Song
  4. Sakura
  5. Muskeg Parade
  6. The Living Light
  7. The Procession
  8. Temple Daughter
  9. The Ocean