Embrasse Moi

Premier album autour du sentiment amoureux.

C’est ce qu’on appelle un concept mené à terme. Antoine Simoni et Emmanuelle Hadjadj se sont baptisés Embrasse Moi pour donner corps à leurs chansons autour du sentiment amoureux, sept en tout qui composent donc ce premier album. Certains esprits chagrins pourront s’amuser à railler le côté rebattu de la démarche, s’ennuyer d’avance de devoir prêter attention à un projet à portée limitée qui par définition aura du mal à se projeter au-delà de ce premier album. A l’inverse, on peut plonger dans ce disque avec curiosité, histoire de savoir ce qu’on peut proposer aujourd’hui dans la chanson française sur un sujet à la fois intemporel et hyper-référencé.

Le constat, c’est que finalement, l’idée de départ semble davantage un prétexte, une base d’inspiration qu’un concept que le duo souhaite célébrer avec force. En effet, les textes se révèlent très simples, au mieux allusifs, ni particulièrement poétiques ni spécialement explicites et peuvent même frustrer si on en attendait plus à cet égard. Mais c’est bien au niveau de la palette musicale qu’Embrasse Moi retient l’attention et explore le champ des possibles. Là, le duo peut s’honorer de réussites certaines, au premier rang desquelles on placera l’excellent J’ai Un Plan, qui après une intro qui fait craindre d’avoir affaire à une maladroite variation sur du Gainsbourg mal digéré, se révèle une délicieuse ballade pop solaire et tranquille agrémentée de petits gimmicks intrigants et d’un joli petit accord de guitare, qui se termine comme le générique d’une série rétro. Plus loin, sur Club, le duo glisse vers le disco avec un titre électro DIY entêtant.

Ailleurs, l’album garde son empreinte « tête chercheuse » avec des morceaux qui oscillent entre langueur pop (Orange), chanson légère (Pain), synth-pop syncopée (Desperate Housewives). C’est souvent bien fait, parfois anecdotique, mais ce premier coup d’essai a le mérite de confirmer la vigueur de la scène pop française. ce qui n’a pas toujours été le cas.