"> Emily Haines & The Soft Skeleton - Choir Of The Mind - Indiepoprock

Choir Of The Mind


Un album de sorti en chez .

8

Dix ans après, Emily Haines renoue avec la grâce de son projet solo.

Une fois n’est pas coutume, c’est via le cinéma qu’on avait découvert Emily Haines. En 2003, dans « Clean » d’Olivier Assayas, on voyait au début du film un groupe canadien mené par une blonde incendiaire se produire sur scène. Un groupe qui existait dans la réalité, qui s’appelait Metric et dont cette scène allait beaucoup faire pour sa (relative) notoriété en France. Le groupe, qui pratiquait un rock pop à guitares classique devait beaucoup à la voix et à la présence de sa chanteuse et s’est révélé assez inégal, alternant sur ses albums titres ciselés impeccables et d’autres patauds lorgnant vers le rock FM. En 2006, Emily Haines, la voix du groupe, donc, allait indirectement prouver qu’elle se sentait un peu corsetée au sein de Metric en publiant un album sous son nom propre (son second si on prend en compte un album paru en 1996 assez peu connu) intitulé « Knives Don’t Have Your Back », album en rupture avec Metric puisqu’elle y interprétait ses propres morceaux seule au piano, geste unanimement salué à l’époque même si l’exercice en soi n’avait rien d’inédit. Depuis, étrangement, la carrière d’Emily Haines s’écrivait en pointillés, même si Metric a continué de publier des albums.

Pourtant, cette année, surprise, Emily Haines renoue avec la formule qui, finalement, lui réussit sans doute le mieux, discrètement entourée de James Shaw, qui l’accompagne sur scène, et de Scott Minor, batteur de Sparklehorse. Dès l’entame de l’album, on sent que le disque sera réussi. En effet, si la base est la même que sur son précédent album solo, avec le piano en instrument de prédilection pour interpréter des ballades sensibles, Emily Haines apparaît parfaitement à son aise, sa voix douce et juste s’installe avec un naturel confondant mais, surtout, les compositions y sont plus aérées. Peut-être parce que, cette fois-ci, elle n’a pas à marquer de rupture radicale avec la musique de Metric, comme c’était le cas au moment de la publication de « Knives Don’t Have Your Back », guitare et batterie viennent soutenir les mélodies et évitent à l’album de tomber dans un carcan trop étroit où seuls piano et voix auraient pour mission de tout véhiculer. Fatal Gift se déploie ainsi sur plus de six minutes avec un léger crescendo sur la fin du morceau, les choeurs subtils sur Wounded donnent encore plus de relief à une mélodie aboutie et touchante.

Evidemment, « Choir Of The Mind » affiche 59 minutes pour 13 morceaux et n’est pas épargné par quelques longueurs ou moments un peu trop « lisses » quand elle s’abandonne à un refrain trop convenu sur Legend Of The Wild Horse par exemple. Mais l’album n’en recèle pas moins de véritables instants de grâce quand arrangements, voix et mélodie emprisonnent l’auditeur dans leurs filets, sur le charmeur Minefield Of Memory, l’onirique Statuette, guidé par d’impeccables accords de piano, et plus encore le magnifique Siren, en parfait équilibre entre gravité et pureté aérienne. Pour Emily Haines, évoluer entre deux pôles distincts est certainement une richesse et un confort dont elle aurait tort de se priver, mais « Choir Of The Mind » confirme sans coup férir que c’est quand elle marche dans les pas de Tori Amos et Kate bush qu’elle est la meilleure, et c’est dans cette veine qu’on aimerait la retrouver plus souvent.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Planets
  2. Fatal Gift
  3. Strangle All Romance
  4. Wounded
  5. Legend of the Wild Horse
  6. Nihilist Abyss
  7. Minefield of Memory
  8. Perfect on the Surface
  9. Choir of the Mind
  10. Statuette
  11. Siren
  12. Irish Exit
  13. RIP

La disco de Emily Haines & The Soft Skeleton