Encre

L?art de la mise en bouche. Afin de précéder la sortie du deuxième album de Encre, le jeune label Clapping Music nous livre un EP contenant deux nouveaux titres en studio et deux titres live. Car il faut distinguer ces deux aspects tant ils relèvent quasiment de deux projets distincts. En effet, Yann Tambour reste seul compositeur des disques de Encre, mais sur scène, il s?entoure de la fine fleur de l?électro-indé parisienne, à savoir Damien Mingus (My Jazzy Child), Bertrand (King Q4), ainsi que Sonia Cordier au violoncelle et Erich Zahn à la guitare.

Le morceau titre de ce maxi, « Marbre », dévoile une atmosphère opaque, claustrophobe, débutant par un piano répétitif (on pense au compositeur Ligeti) suivie d?une rythmique déstructurée, oppressante, mâtinée de cordes fantomatiques. Là-dessus se pose la voix de Yann, plus susurrée que chantée et qui rend le texte, très beau, peu intelligible. Une autre voix, très suave, celle de Noak Katoï, fait son apparition, affirmant le coté sensuel, voire sexuel de la composition. Délectable. Bien que tout ceci soit constitué de samples, il n?en reste que la musique de Encre demeure organique. D?ailleurs, le titre suivant, long arpège évolutif de guitare en hommage au joueur de kora Toumani Diabaté, révèle les véritables aspirations du musicien.

Les deux chansons live témoignent elles d?une toute autre atmosphère pour ceux qui n?ont pas pu voir le groupe sur scène. Réorchestrées, les compositions prennent ici une couleur plus rock proche de Hood ou Slint, et fait la part belle à l?instrumental. C?est tendu, crépusculaire, magnifique. On attend impatiemment l’album et la tournée.