Fabio Viscogliosi

L’Italie n’est pas spécialement réputée pour la richesse et le bouillonnement de sa scène pop/rock indépendante. Pourtant, en se penchant sur la question, un nom devrait ressortir d’emblée : Fabio Viscogliosi. "Fenomeno" est le deuxième album de cet italien francophile, qui a été un temps membre des Married Monk (sur l’album "R/O/C/K/Y") et a par ailleurs collaboré […]

"Fenomeno" est composé de dix-sept titres chantés en italien, alternant pop songs paisibles et interludes instrumentaux. De cet ensemble se dégage une ambiance marquée par une douce mélancolie, sur laquelle plane un climat cinématographique, parfois énigmatique. Plusieurs écoutes attentives sont nécessaires pour se plonger entièrement dans l’univers de cet auteur-compositeur-interprète et pour en découvrir toutes les petites subtilités. On risque sinon de passer à côté de ce disque, relativement "simple" en apparence.

Cependant, ces mélodies limpides aux arrangements discrets mais délicats, portées par une voix un peu "croonisante", traitée avec aspirations, moult réverbs et échos, le chant en italien (langue musicale par excellence !), et la sensation de nonchalance un brin nostalgique font leur effet. Surtout, la force évocatrice des morceaux, entre paysages désertiques (Di Strilli, Quindi), moments d’égarement et de solitude (la nuit noire de Fenomeno, le clair-obscur de Jase, Hase…) confère au tout ce petit supplément de spleen lumineux qui séduit l’oreille.

La belle surprise de cet album réside dans le titre Il Nostro Caro Angelo, où Amedeo Pace, échappé de Blonde Redhead, se joint à Fabio Viscogliosi au chant pour reprendre le morceau de Lucio Battisti (un chanteur italien ayant eu son heure de gloire dans les années 70, peu connu en France). Une très belle reprise pop, fine, aérienne, avec une petite pointe de tristesse.

A noter que le travail de Viscogliosi ne s’arrête pas à la musique, puisqu’il est aussi sculpteur et dessinateur de bandes dessinées (publications au Seuil ou à L’Association) et qu’il conçoit lui-même l’artwork de ses albums, avec un âne comme personnage récurrent. Avec "Fenomeno", Fabio Viscogliosi transforme l’essai et signe avec élégance un album accessible, mais finalement plus sinueux qu’il n’y paraît.