Georges Azzaria

Luthier génial ou schizophrène musical, Georges Azzaria fait partie des très rares inventeurs d’instruments. Ses créations sont autant des outils de travail que des pièces de musée d’art contemporain. D’ailleurs, si cet album a été enregistré pour l’essentiel en 2000 au Studio Avatar (Québec), on retrouve également deux lives : l’un au Centre d’art contemporain de Varsovie en 1991 (pièces 9 et 20), l’autre à Tangente à Montréal (pièces 23 et 25). Cette personnalité québécoise se trouve donc à la croisée des arts et nous propose ce que l’on pourrait qualifier de sculptures sonores.

Il dévoile ici un album hybride, torturé, bricolé, où les 30 pièces proposées sont autant de surprises et de découvertes. Constructions et déconstructions du son, développées à partir d’une technologie minimale (microphones, amplificateurs et haut-parleurs) et d’objets de récupération… Rien ne se perd, tout se transforme et voici naître du fin fond d’un cerveau (sain ?) : un dinosaure à vent, guitares à roue, à disque, à haut-parleur, un vrombophone, un componium géant, un violon scie, un violoncelle avec ampli intégré, une contrebasse qui pourrait aussi bien servir de chaise…

A vent, à cordes, etc. les instruments d’Azzaria nous entraînent dans des contrées jusque là inconnues, où la curiosité l’emporte sur la prudence… Atmosphères envoûtantes, la répétition des sons, des bruits, devient hypnotique mais attention le piège peut toujours être à proximité…

Avec « Monopole », Georges Azzaria apporte une nouvelle pierre à l’art audio, et nous prouve qu’il est possible de faire de la musique en sortant de ses classiques canons et carcans.