Goat

Goat invite le rock à une transe chamanique autour du feu

Noire ou pas, il se dégage une vraie magie des productions de Goat et « Commune » ne déroge pas à la règle. À tel point que le chant déclamé de la sorte semble écrit dans une langue ancienne, du genre qui se transmet dans le secret au sein d’une dynastie de sorciers.

Rythmes tribaux en fer de lance, la joyeuse bande d’allumés, à la manière des Français de Magma, joue leurs morceaux comme ils joueraient une pièce de théâtre avant-gardiste des 70’s, seul leitmotiv « libérons les énergies! ». Dans bien des cas, de telles approches, bien belles dans la théorie, accouchent d’une souris. C’est avec une certaine aisance que Goat, au contraire, se fend d’un opus cohérent et dense, où l’expression de leur personnalité ne se fait pas au détriment de la consistance, et inversement.

Au rayon purement instrumental, la guitare est clairement mise en avant, l’ensemble de ses compagnons œuvrant clairement pour l’ambiance (des plus réussies) plus que pour la mélodie. La six cordes donc, bien souvent électrifiée, aura tantôt des accents floydien période pré-« Dark Side Of The Moon », tantôt des aspects « décents d’acides pour autiste (artiste?) noisy », quand elle ne sera venue tout droit des écoutes studieuses de Ravi Shankar. La voix, féminine de son état, s’intègre quant à elle merveilleusement bien à l’atmosphère chamanique qui se dégage de l’orchestration générale.

Tout cela donne lieu à un psychédélisme littéraire et scénique, qu’on verrait bien en bonus du « Live At Pompeii » de la bande à Roger Waters. Bien moins pop que les illustres flamants, Goat est clairement habité par cette poésie théâtrale.

« Commune » s’écoute d’une traite, et ne peut être scindé, nous n’en extrairons donc aucun titre, mais vous conseillerons tout de même vivement de vous dégager la quarantaine de minutes nécessaire à l’expérience Goat…