"> Gravenhurst - Offerings: Lost Songs 2000 - 2004 - Indiepoprock

Offerings: Lost Songs 2000 – 2004


Un album de sorti en chez .

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L'ultime offrande d'un songwriter de génie parti trop vite...

Jeudi 4 Décembre 2014. La nouvelle est rude, suffocante, inexplicable. Le communiqué du jour publié par le label Warp et sa manager Michelle Hilborne, empli de termes aussi laudatifs que profondément graves, fait office d’un terrible coup de poignard pour l’ensemble des amoureux de folk/rock indé: “Le meilleur, le plus extraordinaire, le plus inspirant des songwriters, chanteurs et interprète, un producteur et un journaliste remarquable dont le travail a profondément marqué tant de gens dans le monde entier. Éminemment intelligent, spirituel et fascinant, Nick était un ami cher et son absence est une indescriptible tristesse”.

Nick Talbot, l’homme qui se cachait brillamment derrière le projet Gravenhurst, s’en est allé à l’âge de 37 ans des suites d’une longue maladie. Sans savoir ce qu’il allait advenir de son destin, le songwriter anglais avait récemment converti divers projets, d’un documentaire sur l’adoration vouée à sa ville de Bristol jusque son retour sur scène pour y célébrer les dix ans de sa première et plus belle œuvre (« Flashlight Seasons »), revue dans son intégralité au coeur d’une tournée européenne entamée fin novembre à Vienne et alors programmée jusque février 2015.

Réédité pour l’occasion avec l’EP « Black Holes In The Sand » (publié la même année, en 2004), le joli coffret contenant ladite paire s’accompagnait d’un album de rarities généreusement intitulé « Offerings », une collection de dix pistes inédites toutes enregistrées au seuil de la discographie du jeune Talbot au début des années 2000. Révélées au grand jour, ces plages non exploitées à l’époque se sont offertes aux fans tel un cadeau inestimable, plus encore au regard du tragique événement qui a d’ores et déjà élevé cet album au rang des recueils incontournables.

En guise d’amorce à un retour tant attendu, Talbot avait donc fait le choix de revenir aux basiques, histoire de rappeler aux bons souvenirs de son talent inné pour l’écriture et la composition de pépites folk mélancoliques. La dizaine présentée ici n’en est que la preuve formelle, bercée au gré d’un timbre délicieusement fragile et de cordes clairvoyantes qui avaient alors éclairé l’existence du bristolien, juste après la séparation de son groupe Assembly Communication.

Si l’on se souvient encore des morceaux quasi-anthologiques de son premier effort (I Turned My Face To The Forest Floor, Fog Round The Figurehead…), la plupart de ces offrandes auraient aisément pu trouver leurs places sur les disques de l’époque, tant les qualités d’accroche et d’élégance y sont similaires. Outre les démos (Entertainment, The Diver), la puissance émotionnelle qui se détache de chaque pièce reste et restera ad vitam æternam le pan du songwriter anglais, singularisé par les longues caresses acoustiques (The Citizen, Gas Mask Days, For Erin, Offerngs…) ou autres ballades obscures (Who Put Bella In a Wych Elm, Romance) se renvoyant sans encombre l’image de leurs parures éclatantes. De plus, l’occasion est idéale pour (enfin) découvrir son tout premier titre aux effluves post-rock couché sur papier (Abilene/Stillwater Outro), sorte de préliminaire non avouée d’un autre album (« The Western Lands ») qui fit jadis sa réputation d’auteur-compositeur-interprète sans cesse désireux d’exploiter d’autres univers.

L’univers, le vrai, Talbot l’a donc tragiquement rejoint en laissant derrière lui un héritage précieux, frénétique et pour le moins inoubliable. À l’instar d’autres brillants songwriters partis trop tôt (Elliott Smith, Jason Molina…), ce qu’il restera pourtant de ce talentueux mélomane aura, bien malgré lui, un éternel et regrettable sentiment d’inachevé, héroïsme silencieux d’un artiste que l’on aurait encore voulu écouter s’adonner jusque notre propre extinction. Au revoir Nick Talbot, citoyen exemplaire du macrocosme musical…

 

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