Gülcher

Parmi la nuée de groupes rock français qui se cantonnent à un style abrasif et fougueux (souvent de pâles copies de nos voisins d’Outre-Manche), l’album des Gülcher constitue un bon bol d’air revigorant. Gülcher est composé de trois parisiens (le bassiste, le batteur, le guitariste) et un anglais (le chanteur), qui livrent avec "After Nature" leur premier album, marqué par un sceau British, mais plus façon Roxy Music que Libertines. En effet, Gülcher s’est nourri d’influences pop anglo-saxonnes, les a digérées, assimilées et les ressert ici à sa sauce, avec classe et ingéniosité.

Ce qui séduit dès la première écoute d’"After Nature", c’est le kaléïdoscope musical qui y est déployé, prouvant que le groupe maîtrise aussi bien différentes figures stylistiques que l’ajout d’arrangements très soignés. Les onze titres se réfèrent à tous à une pop sophistiquée et très mélodique à la fois. Jamais monotones, les morceaux se suivent sans se resembler et font d’ailleurs l’objet de digressions ou de varaiations au sein même d’une chanson.

Diversité et élégance sont donc les deux maîtres-mots : on passe d’une ambiance pop "dandyesque" qui sait se faire plus rentre-dedans (Kick the X Away, Uninvited…) à des moments de légéreté, ou des instants plus confinés au contraire plus tendus et plus sombres, avec un enrobage très raffiné, reposant sur des lignes de guitares claires, cristallines, une sitar (le sémillant The Story of Magic and Grace), un harmonica, des sifflotements, des éléments jazzy (sur Rocket Pants, 5 A. M. Sunday Morning), des claviers, des cuivres ou des cordes qui surgissement discrètement… La voix de Lawrence, qui traîne avec nonchalance sur les mots, est certes maniérée, mais porte finalement avec charisme les compositions du groupe.

Pour un premier album, Gülcher fait preuve d’une manifeste maturité. Aucun morceau n’est en trop, l’ensemble séduit par sa finesse, sa fraîcheur et bien évidemment par ses mélodies bien senties.