Harlan T Bobo

De la folk comme ça, d'accord on achète de suite et on en redemande!

Harlan T Bobo bourlingue son univers depuis de nombreuses années et c’est pourtant la réédition vinyle de « Too Much Love » qui nous fait découvrir l’homme atypique qu’il est. Mélange de showman expressif et de songwriter profond, de voix caverneuse mature et d’insouciance adolescente, l’Américain, français d’adoption, nous est présenté comme dans la lignée des Dylan ou Cash. Soit, beaucoup de sèche dans ces compositions, et quelques intonations sombres nous feront penser notamment au grand Johnny, mais quitte à rapprocher ce one man band contrarié d’un autre artiste, on pensera plus franchement à Beck ou Eels période « Hombre Lobo ». La douceur désabusée d’un Left Your Door Unlocked ou les pointes de folie nerveuse des Too Much Love et Zippers And Jeans en sont les exemples les plus frappants. Sur les morceaux plus rock on pourrait croire déceler également les fantômes de Janis Joplin ou encore Van Morisson.

Mais plus que toutes ces références qui n’ont que pour but de situer au mieux, mais de manière quelque peu branlante, le rendu de cet opus, on traverse ce « Too Much Love » comme un musée, on passe de salle en salle sans trop y réfléchir en glanant la beauté de chaque thématique. On peut imaginer ce qui fut le premier effort studio de Harlan T. Bobo comme un ensemble de piécettes dont l’unité tient à la magie du songwriting. Les titres sont profonds dans les sensations et musicalement addictifs. Justement, le sentiment qui prédomine à l’écoute c’est le charme, le monsieur pratique un folk rock qui vous hypnotise subtilement. Faisant autant appel à vos souvenirs des 70’s qu’à vos amours de jeunes « songwritter de génie », l’artiste s’appuie sur son aura naturelle pour vous amener à le suivre tout en décontraction dans son monde, fait de vagabondage et de culte à la musique yankee.

Présenter « Too Much Love » comme un album exclusivement folk n’est d’ailleurs pas rendre parfaitement hommage au spectre musical qu’il couvre. Après, bien que le disque aille bien plus loin que les limites restreintes du style, il diffuse tout de même une certaine idée de la musique, une vraie poésie littéraire, voilà pourquoi on pense aux Cohen et autre Dylan. On sent de toute façon que le compositeur de ces morceaux n’a en rien prémédité l’étiquette que l’on pourrait donner à ses morceaux, tant ils semblent naturels, comme le fruit d’une écriture instantanée.

S’il ne devait en rester qu’un titre : Too Much Love.