"> Jacques Higelin - Amor Doloroso - Indiepoprock

Amor Doloroso


Un album de sorti en chez .

Difficile d’être objectif avec Jacques Higelin. Cela remonte bien des années en arrière : Paris, Le Grand Rex, dimanche 9 février 1992. Un concert en matinée qui s’était écoulé pendant plusieurs heures sans que le public ne veuille relâcher le grand Jacques, pas avare ni sur le temps, ni sur l’énergie. Un premier concert et pourtant […]

Difficile d’être objectif avec Jacques Higelin. Cela remonte bien des années en arrière : Paris, Le Grand Rex, dimanche 9 février 1992. Un concert en matinée qui s’était écoulé pendant plusieurs heures sans que le public ne veuille relâcher le grand Jacques, pas avare ni sur le temps, ni sur l’énergie. Un premier concert et pourtant on savait avoir vu quelque chose d’assez incroyable, à en "Tomb(er) du Ciel"… Mais comme tous les amours de jeunesse, on les laisse filer avec l’adolescence pour des choses un peu plus radicales – « ouais la chanson française ça craint, j’te f’rais dire ! » Pas de cassure brutale mais métal, grunge, rock alternatif et autres avaient fait consciencieusement leur travail de sape. 

Pourtant en dix ou douze ans, on n’avait pas raté tant d’épisodes. Même après qu’il fut viré comme un malpropre par sa maison de disques, ses fans ne l’avaient pas pour autant renié, continuant à suivre sur scène ce phénomène chantant. C’est d’ailleurs par cette petite porte que Jacques refait surface en reprenant le répertoire d’un autre grand monsieur de la chanson française dans son spectacle "Higelin enchante Trenet". A nouveau au premier plan, il retrouve label à son pied, qui sort un live de ce tour de chant, préparant alors le terrain pour cette suite discographique. 

Huit ans donc que nous attendions, depuis "Paradis Païen", paradis lointain, paradis perdu que l’on retrouve tel que nous l’avions laissé dès les premières secondes d’écoute. L’homme est là, au rendez-vous, sa magnifique queue de paon en éventail qui pourtant jamais ne pavoise, ni cherche les Prises de Bec. Une nouvelle série de compositions originales, produite par Rodolphe Burger (ex-leader de Kat Onoma) dans son studio alsacien et mixée par Ian Caple (Tindersticks, Alain Bashung, Stina Nordenstam…), autre sage des manettes. 

Depuis toujours et à l’instar d’un Gainsbourg mais à sa manière, il réconcilie music hall et rock sans chercher à imiter, mais en réalisant la synthèse de ces multiples influences… Avec les années peut-être s’est-il assagi, en apparence en tout cas, car le jeu d’écriture, la maîtrise des mots est toujours poussé jusqu’au bout du cerveau, de la plume, de la lune. Le monde d’Higelin reste celui d’un doux rêveur un peu dingue les pieds sur terre mais la tête dans les nuages. Un ami que l’on connaît depuis si longtemps que c’est toujours un plaisir de le retrouver pour Se revoir et s’émouvoir, toujours avec la même fraîcheur et spontanéité. 

La biographie se conclut non sans humour par « Vous avez entre les mains l’excellent premier album d’un tout jeune auteur compositeur interprète dont vous entendrez sûrement reparler » et c’est finalement cette part d’enfance indestructible qui fait de ce conteur un personnage que l’on aime tel que… et sans douleur !

Chroniqueur

Tracklist

  1. Queue de paon
  2. Prise de bec
  3. Ice Dream
  4. L'hiver au lit à Liverpool
  5. Se revoir et s'émouvoir
  6. Halloween
  7. Crocodaïl
  8. Ici, c'est l'enfer
  9. Amor Doloroso
  10. J't'aime telle
  11. J'aime