A mi-chemin entre le rock alternatif et le metal, Jane’s Addiction a représenté, l’espace de quelques années à la charnière entre les années 80 et 90, la plus haute idée d’une musique à la fois furieusement physique, brutale et pourtant résolument intellectuelle. Le quatuor a même poussé le terme de « fusion », fort prisé à l’époque, […]
A mi-chemin entre le rock alternatif et le metal, Jane’s Addiction a représenté, l’espace de quelques années à la charnière entre les années 80 et 90, la plus haute idée d’une musique à la fois furieusement physique, brutale et pourtant résolument intellectuelle. Le quatuor a même poussé le terme de « fusion », fort prisé à l’époque, à son terme le plus extrême, proposant bien plus qu’une hybridation hasardeuse entre funk et metal : il y a du punk, du jazz, du folk et bien plus encore chez Jane’s Addiction. Les exégètes débattront sans fin pour désigner le chef-d’oeuvre du groupe : « Nothing’s Shocking » ou bien « Ritual De Lo Habitual » ? Pour ma part, je vote pour ce dernier.
Centré autour de la pièce maîtresse Three Days, véritable Stairway To Heaven des années 90, « Ritual De Lo Habitual » démarre comme un ouragan de metal à la fois funky et intelligent, pour s’aventurer lors d’une seconde moitié bigarrée dans des domaines très inhabituels… Après une introduction vocale en forme de clin d’oeil, ce rituel explose dès l’amorçage, avec une succession hallucinante de bombes à fragmentation (Stop, No One’s Leaving, Ain’t No Right) qui résument toute la force du groupe, de la complémentarité phénoménale entre guitare et basse aux talents d’imprécateur halluciné de Perry Farrell. Avec Dave Navarro en maître artificier, les parties de guitares virent à la bacchanale. Moins agressif, Been Caught Stealing propose l’unique tube évident d’un album par ailleurs extrêmement exigeant sans être pour autant inaccessible.
C’est après cette première moitié de parcours percutante et virtuose que « Ritual De Lo Habitual » bascule, avec l’orgie psychédélique de Three Days. Tour à tour rêverie chargée de tristesse et maelström sonore submergeant de puissance, Three Days définit à lui seul toute l’ambition du groupe, et témoigne de la hauteur stratosphérique de son inspiration. Dès lors, toutes les audaces sont de mise, des harmonies étranges du finales de Then She Did au violon tzigane invraisemblable de Of Course… Ce qui se traduit par une fin d’album plus décousue, mais fascinante tant l’identité du groupe semble demeurer intacte malgré les changements de style.
Près de vingt ans après, les amateurs de guitare se délectent encore des riffs virtuoses et des soli diaboliques dispensés par Dave Navarro, celui-là même qui irait par la suite dilapider son talent au sein de Red Hot Chili Peppers eux-même en pleine crise d’inspiration sur le terne « One Hot Minute ». Plus encore que la voix si particulière de Perry Farrell ou que la batterie pétaradante de Stephen Perkins (un des cogneurs les plus inspirés de l’époque), c’est selon moi l’élément principal de la fascination exercée par la musique du groupe. Ambitieux, à la limite de la prétention souvent, à la fois totalement moderne et ancré dans les traditions, Jane’s Addiction a probablement été le plus digne successeur d’un groupe comme Led Zeppelin, et Dave Navarro, logiquement, pourrait légitimement serrer la pince à Jimmy Page au panthéon des guitar-heroes…
- Publication 801 vues27 septembre 2009
- Tags Jane’s AddictionWarner
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