"> Jens Lekman - Night Falls Over Kortedala - Indiepoprock

Night Falls Over Kortedala


Un album de sorti en chez .

Des chansons sirupeuses emballées dans des orchestrations clinquantes avec trompettes, saxophone et autres réjouissances. Passez-vous ce genre de disque et neuf fois sur dix vous sentirez l’indigestion de kitsch et ringardise pointer fissa. La dixième fois, vous vous laisserez prendre par le côté second degré avant de vous lasser très vite devant l’absence de véritable […]

Des chansons sirupeuses emballées dans des orchestrations clinquantes avec trompettes, saxophone et autres réjouissances. Passez-vous ce genre de disque et neuf fois sur dix vous sentirez l’indigestion de kitsch et ringardise pointer fissa. La dixième fois, vous vous laisserez prendre par le côté second degré avant de vous lasser très vite devant l’absence de véritable consistance de l’ensemble. Chez Jens Lekman, le suèdois expatrié aux States; et notamment sur ce nouvel album, il y a un peu de tout ça et pourtant on ne le fera pas apparaître dans ces statistiques.

Il faut dire que Jens Lekman a eu la clairvoyance de nous faire reprendre les choses depuis le début avec "Oh You’re So Silent Jens" qui regroupe ses premiers EP. Là, on a pu se rendre compte que parées d’atours ou dans leur plus simple appareil, les chansons de Jens Lekman sont avant tout porteuses d’une qualité d’écriture. C’est donc avec cette certitude que l’on se laisse transporter dans l’univers factice en surface de "Night Falls Over Kortedala". Il y est question de soirées au drive-in (Friday Night At The Drive-in Bigo Bing), d’odes à une coiffeuse (Shirin),  le tout dans un style qui évoque parfois le twist ou le music-hall des années 50.

Tout cela pourrait prendre un tour de nostalgie lourdingue, mais Jens Lekman évite cet écueil en se posant plutôt comme un illustrateur : il écrit des chansons sur des thèmes universels, mais pourquoi se priver de les transporter ailleurs, dans d’autres temps et lieux ? C’est donc bien d’onirisme qu’il s’agit, et les éléments qu’il convoque sont utilisés à bon escient : la flûte et les trompetttes de Sipping On The Sweet Nectar font briller de mille feux la mélodie, tout comme sur And I Remember Every Kiss et s’accomodent parfaitement de son chant de séducteur tranquille.

En songwriter exigeant, Jens Lekman sait aussi ne pas en rajouter et donner de l’équilibre à la structure avec des ballades plus sobres sans renier son goût pour la luxuriance (Into Eternity, I’m Leaving You Because I Don’t Love You). Ce nouvel album place Jens Lekman dans le peloton de tête des songwriters d’aujourd’hui, affirme sa capacité à s’affranchir des idées préconçues et à tracer tranquillement son chemin. Qu’on empruntera sans retenue.

Rédacteur en chef