"> Julia Holter - Have You In My Wilderness - Indiepoprock

Have You In My Wilderness


Un album de sorti en chez .

5

Un quatrième album pour la réputée austère Julia Holter qui laisse enfin entrer la lumière.

Les albums de Julia Holter circulent en catimini en France, ce qui n’empêche pas les amateurs avertis de musique indé, versant discret et délicat, de connaître le nom et l’univers de l’Américaine et de l’apprécier. Apprécier plutôt que véritablement aimer, le terme n’est pas choisi par hasard. Car, si le neo-folk de Julia Holter n’est pas dépourvu de beauté et de qualités réelles, c’était jusque-là difficile de s’enflammer pour son univers hermétique et parfois un peu clinique. « Have You In My Wilderness » marque ainsi une rupture : d’abord parce que l’album est édité par Domino, ce qui offre une visibilité plus importante à Julia Holter, mais surtout parce que, dès les premières mesures de Feel You, c’est une sensation de légèreté et de luminosité qui suinte. Notes de clavecin qui se mêlent à des arrangements modernes, mais surtout une voix libérée qui égrène une mélodie suave et éthérée. Silhouette enchaîne dans la même veine, avec le même souci de légèreté. Alors, inflexion salutaire ? Compte tenu de ce qu’on a pu dire avant, la réponse devrait être oui sans hésitation. Les choses ne sont pourtant pas si simples… Les arrangements, qui s’appuient avant tout sur les cordes, sont superbes. Julia Holter chante divinement bien, ça aussi c’est entendu. Hélas, mélodiquement, on nage dans un espèce d’entre deux qui laisse perplexe. Dans sa volonté de lévitation, l’Américaine opte pour une musicalité certes soignée, mais sans véritable direction. Cette impression est notamment très prégnante sur un titre comme Lucette Stranded On The Island. Pendant près de trois minutes, on flotte au gré de notes vocales aléatoires avant qu’une ligne mélodique émerge pour un final beaucoup plus convaincant, mais le titre pâtit tout de même d’une longueur pas forcément justifiée.

A d’autres moments, on glisse vers une pop plus simple mais pour laquelle on ne sent pas Julia Holter faite. Conséquence, sur Everytime Boots, elle ne peut s’empêcher, après de premières mesure enlevées, de casser le rythme par un pont musical qui, encore une fois, ne fait qu’étirer inutilement le morceau et lui faire perdre sa dynamique initiale. « Have You In My Wilderness » n’en est pas pour autant un mauvais album, très loin de là. Au rayon des réussites, on mettra l’envoûtant How Long ?, porté par un chant et une mélodie plus tenues que sur le reste du disque. Dans un registre plus direct, on retiendra She Calls Me Home. Sur le reste de l’album, on est sur courant alternatif. On a déjà cité le cas Lucette Stranded…, on peut dire la même chose de Betsy On The Roof. Sur toute la première partie du titre, on vasouille, et puis, soudain, la voix, les arrangements et la mélodie s’élèvent vers les cieux, et c’est magnifique. « Have You In My Wilderness » est donc bien l’album d’une mue, mais une mue en chantier, incomplète. Le jour où elle sera achevée, on peut s’attendre au meilleur.

Rédacteur en chef
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. Feel You
  2. Silhouette
  3. How Long?
  4. Lucette Stranded on the Island
  5. Sea Calls Me Home
  6. Night Song
  7. Everytime Boots
  8. Betsy On The Roof
  9. Vasquez
  10. Have You In My Wilderness

La disco de Julia Holter