Kite Base

Premier effort audacieux et soigné pour le duo electro-punk Kite Base.

Kite Base, projet au sobriquet quelque peu atypique, réunit deux bassistes britanniques amies à la ville et désormais à la scène : Kendra Frost, ancienne membre du groupe Blindness, et Ayşe Hassan, plus connue pour sévir avec sa cinq cordes du côté de Savages. L’image du « cerf-volant » comme étendard n’a guère été choisie à la légère (pardon pour le jeu de mots), puisqu’il symbolise selon ses protagonistes d’« un mouvement d’ouverture réalisé avec des plis simples générant une base ferme et fertile pour la créativité […] il symbolise également la génération d’idées et les rend libres d’évoluer de manière organique, embrassant le changement… ».

Sans entrer dans les détails d’un processus de création décomplexé, les deux jeunes femmes s’alimentent de leurs expériences respectives pour donner matière à un electro-punk synthétique, mêlant puissance et harmonie, et qui offre par la même occasion une relecture contemporaine d’un des courants majeurs de la musique d’Outre-Manche, ici influence avouée et, surtout, revisité depuis ses fondements originels. En résulte un combo de deux basses et de fragments électroniques, aux compositions troquant l’aspect revendicatif des propos contestataires, essence même du mouvement punk des seventies, par d’insolites sensations d’apesanteur invoquées, en partie, par un jeu de textures vocales sublimement exécuté. L’impression de minimalisme qui se dégage de ce premier essai est également l’une de ses principales forces, un sentiment pourtant tancé à plusieurs reprises par des superpositions de nappes sophistiquées ou industrielles (Soothe en tête, l’intro de Peripheral Vision et autres percussions mécaniques des titres Nineteen et Grids…) qui auraient pu de prime abord sembler malgracieuses, mais s’avérant à terme l’effigie d’un climat éthéré, plissé de reflets énigmatiques ou nébuleux, à définir selon la perception procurée par la répétition des écoutes.

Il faut en convenir, le mérite en revient à ces deux créatrices qui ont fait de leur audace un véritable espace d’expression et de régénération, en soi un subtil palladium d’un mouvement qui, sous des airs savamment modernisés, à encore de beaux moments à écumer devant lui. Transition, Dadum ou encore Miracle Waves en sont d’éclatantes preuves, en plus d’être les incontournables pièces d’un album duquel il faudra compter comme l’une des bonnes pioches de cette année musicale indé…