Lali Puna

L?hiver dernier, quelques mois avant la sortie de « Faking the Books », Valerie Trebeljahr, voix et tête pensante de Lali Puna, nous confiait son désir d?enregistrer un album plus chaleureux que « Scary World Theory », un album de chansons (voir l?interview).
Le premier contact avec ce disque, cette pochette aux figures rectilignes évoquant les visuels robotiques et sévères de Kraftwerk, nous fait pourtant l?effet de retrouvailles glaciales. Mais 39 minutes plus tard, on saisit avec évidence le pallier franchi par Lali Puna. Les Munichois parviennent à présent à dompter leurs velléités expérimentales et à humaniser leurs compositions. Ils élèvent ici un édifice d?une fluidité et d?une précision remarquables, un disque à la mélancolie diffuse et à la sensibilité prégnante. En témoignent, dans des registres opposés, ?B-Movie?, téléguidé par une batterie jamais à la bourre ou ?Left Handed?, noyé sous un déluge de décibels électriques, et ?Faking the Books?, magnifique vague à l?âme, songeur et reposant.

Comme chez les récentes productions de The Notwist (maison-mère du bassiste Markus Acher), on s?approche finalement du compromis idéal entre instruments académiques et joujoux plus exotiques. Chose inimaginable auparavant, Lali Puna s?autorise à poser des mélodies identifiables et addictives sur les nappes de synthés, à épauler les blips de rythmiques organiques ou même à laisser les guitares prendre le dessus sur la texture électronique des morceaux. Au-dessus de la mêlée, on distingue aisément la voix de Valerie, servie par une production plus seyante. Tout un symbole, quand on sait combien la musique du groupe jouait autrefois de ce souffle mal assuré.

Des titres plus directs, une palette de sons plus riche, une production plus ample et des arrangement ciselés ; « Faking the Books » fait bel et bien partie de ces albums que l?on classe, sans user des clichés, dans la catégorie des « albums de la maturité ».