Les Comptes De Korsakoff

De l'art de structurer sa folie.

Nous vous avions déjà présenté Les Comptes De Korsakoff en 2016, les situant quelque part entre Tom Waits, Mike Patton et Pere Ubu. Ils nous sont revenus il y a déjà quelques mois avec un second opus où, en quelque sorte, ils semblent avoir choisi leur camp, celui de Patton.

Ce qui nous fait dire cela ? Tout d’abord la puissance du son, partant sur des accents heavy bien plus prononcés. Les variations vocales entre lyrisme haut perché et hurlements gutturaux nous ramènent à la folie toute en maîtrise et exigente du crooner fou américain.

Tout cela et plus encore explose littéralement dès le premier titre Le Maudit géniale inspiration aux apparats foutraques, que l’on pourrait très schématiquement résumer à du metal jazz. L’introduction de l’opus se fait ainsi par un morceau très dense, trop pour beaucoup, que ce soit par l’atmosphère instrumentale (vocaux compris) que par le verbe halluciné.

Par la suite, la poèsie du verbe se précise comme dans Murmures A l’Oreille Des Monstres, vers une forme de surréalisme noir, souvent mis en exergue par un accompagnement plus épuré, quelques cordes tourmentées de ci de là par des cuivres ou claviers ponctuels.

Clairement, « Nos Amers » se vit plus qu’il ne s’écoute et surtout se décrit. Il se vit comme on lit André Breton ou Boris Vian, c’est parfois inconfortable, souvent même, il faut s’y attendre. Non, Les Comptes de Korsakoff ne sont pas là pour vous brosser dans le sens du poil, mais pour vous plonger dans une forme de déstructuration, plus que de chaos. Car il est évident que, derrière, il y a une démarche emprunte de maîtrise et d’exigence. Tout cela ne les propulsera pas en tête des charts, mais leur octroiera un sacré crédit chez les mélomanes aventuriers.