"> Lucy Dacus - Historian - Indiepoprock

Historian


Un album de sorti en chez .

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Second album d'une jeune surdouée.

Ca commence de manière très classique : Lucy Dacus, jeune Américaine originaire de Richmond a 20 ans quand elle se fait remarquer via la publication de son premier album en 2016, enregistré au départ comme un « projet de fin d’études ». Deux ans plus tard, la publication de son second album est donc attendue de pied ferme. Entre temps, Lucy Dacus a changé de catégorie puisque ce second opus est édité par le puissant label Matador. Toutefois, c’est le seul changement notable puisque ce disque a été enregistré avec la même équipe que sur « No Burden », son premier album, et que Lucy Dacus s’avance avec les mêmes atouts, à savoir une voix profonde et chaude, qui n’est pas sans évoquer Shara Worden, par exemple, et des chansons folk-rock soignées qui témoignent d’une maturité précoce chez la jeune femme. Cette volonté de rester « dans les clous », de ne pas jouer la surenchère peut être vue comme de la modestie, ou de la prudence, mais se révèle en fait vite le reflet de l’aplomb certain de Lucy Dacus, qui du haut de ses ving-deux ans n’est pas de celles à qui on fait facilement tourner la tête. Le titre de ce second album est une autre preuve de son aplomb : « Historian », quand on a tout juste passé la vingtaine, faut oser.

Mais voilà, au bout d’environ quatre minutes, toutes les bases classiques évoquées précédemment ont volé en éclats pour nous scotcher à notre siège. Car l’album s’est ouvert tranquillement sur Night Shift, on s’installe confortablement dans le morceau quand éclatent des guitares qui le font décoller et que la voix de Lucy Dacus s’envole pour nous offrir un final de haute voltige absolument splendide. Et, de là, on ne va quasiment plus redescendre. Le long des dix morceaux qui jalonnent « Historian », Lucy Dacus dévoile sa palette aux incroyables possibilités. Il n’y a pourtant chez elle aucune volonté de se démarquer ou de bousculer les lignes. Elle propose des chansons à l’écriture classique et s’appuie sur des éléments entendus maintes et maintes fois : sa voix, un groupe en formation traditionnelle, des choeurs et des cordes par moments pour agrémenter le tout. Mais, chez Lucy Dacus, rien n’est gratuit. Tous ses mots sont pesés et ses textes, qu’ils évoquent une rupture sentimentale, les turpitudes de l’âme, la recherche de la paix intérieure, des blessures intimes, sont déclamés avec la conviction qu’ils méritent d’exister. Et derrière, tout est à l’avenant : les mélodies épousent la force des mots, son groupe, qui témoigne d’une très grande complicité avec elle, est en totale osmose du début à la fin. En résulte donc un album qui pose ses contours pour mieux les repousser, sans que rien ne se fasse dans l’ostentation. « Historian » pourrait en fait être vu comme un album destiné à moquer les blasés et les réacs prompts à nous asséner que plus rien n’est à inventer, que tout a été fait, que c’était mieux avant. Lucy Dacus, peut-être, voire sans doute à son corps défendant, est en passe de devenir une icône pour tous ceux qui pensent que, tant que la création est portée par une volonté farouche de s’exprimer sans faux-semblants, que le talent est aux manettes, il est impossible de se lasser.

Sortir quelques titres de l’ensemble est un peu vain, vous l’aurez compris, tant le niveau est élevé du début à la fin, disons simplement que, après l’inaugural Night Shift, The Shell, la magnifique ballade Nonbeliever ou l’incandescent Next Of Kin sont à même de marquer les esprits le plus immédiatement. Et ils ne vous lâcheront plus.

Rédacteur en chef


Tracklist

  1. Night Shift
  2. Addictions
  3. The Shell
  4. Nonbeliever
  5. Yours & Mine
  6. Body to Flame
  7. Timefighter
  8. Next of Kin
  9. Pillar of Truth
  10. Historians

La disco de Lucy Dacus

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