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Micah P. Hinson and the red empire orchestra


Un album de sorti en chez .

C’est une chose de faire un album de folk ou de blues, c’en est une autre d’avoir les deux pieds dedans. Ainsi, pas mal de faiseurs ou de touche à tout viennent régulièrement se frotter au genre, pensant à tort ou à raison que se livrer dans le plus simple appareil accentuera leur crédibilité. Mais […]

C’est une chose de faire un album de folk ou de blues, c’en est une autre d’avoir les deux pieds dedans. Ainsi, pas mal de faiseurs ou de touche à tout viennent régulièrement se frotter au genre, pensant à tort ou à raison que se livrer dans le plus simple appareil accentuera leur crédibilité. Mais il est rare que ces albums rivalisent en beauté et en intensité avec ceux de Bill Callahan, Vic Chesnutt ou Micah P. Hinson, des types qui semblent être nés une guitare acoustique à la main, une bouteille de whisky dans l’autre et le spleen souvent solidement chevillé au corps. 

Les précédents albums de Micah P. Hinson sont en effet des traités déchirants, inépuisables, sur les tourments et les affres de la condition humaine ; le songwriter est de retour pour ajouter une nouvelle pièce à l’édifice. Certains feront la fine bouche en arguant qu’avec ce genre d’album, il n’y a pas de véritable enjeu. Alors que chez d’autres, on cherche sans cesse la remise en question, le renouvellement, il est rare que l’on ait la même exigence envers le folk et le blues. Mais s’il est vrai que sur "The red empire orchestra", on retrouvera tout ce qui fait l’univers de Micah P. Hinson, il serait criminel de passer sous silence l’unique exigence qu’il s’impose : l’excellence. Car comment expliquer autrement sa capacité à nous tirer des larmes sur The fire came up to my knees avec quelques couplets égrenés d’une voix sans cesse au bord de la rupture et trois notes de guitare maximum ? Comment passer sous silence la limpidité de Tell me it ain’t so ou Dyin’ alone

Il ne faut en outre pas confondre constance et radotage. Sur cet album, le violon est mis à l’honneur pour soutenir les mélodies avec une pertinence et un soin impeccables. A l’honneur dans ce registre, When we embraced et I keep havin’ these dreams. Comment passer à côté d’un sommet comme You will find me, presque baroque dans sa forme, qui évolue entre grâce et dramaturgie ? La remise en question est donc aussi une capacité à ne rien faire à moitié, à toujours trouver la sève nécessaire pour alimenter l’inspiration. Pourtant, sur ce disque, Micah P. Hinson laisse à quelques morceaux une forme courte, comme si c’était une esquisse de chanson, sans pour autant donner de sentiment d’inachevé. Finalement, les vrais géants sont peut-être bien ceux qui ne craignent pas de montrer qu’ils ont des pieds d’argile.

Rédacteur en chef
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