"> Mourn - Mourn - Indiepoprock

Mourn


Un album de sorti en chez .

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Inexistant hors de ses bases, le rock espagnol porte désormais un nom, quatre visages angéliques et des riffs de guitare bien acérés. Ainsi s'éveille donc Mourn, un groupe aux débuts plus que bluffants...

Dans les archives poussiéreuses du rock et de ses dérivés, il faut creuser loin pour trouver trace d’un groupe espagnol ayant soulevé les foules à l’international, du moins, en dehors de ses propres frontières pour contaminer les pays limitrophes. À vrai dire, il n’y en a guère eu, et ce n’est pas l’illustre collaboration entre la cantatrice catalane Montserrat Caballé et Freddie Mercury (sur son album « Barcelona » sorti en 1988) qui aurait clairement pu changer la donne.

Le fol espoir d’imaginer des artistes ibériques conquérir la planète rock réside aujourd’hui en Mourn, formation juvénile en provenance de Barcelone (encore…), centre névralgique incontestable et incontesté de la culture espagnole. Quatre trognes innocentes âgées de 15 à 18 ans s’affirmant autour de Jazz Rodríguez Bueno et Carla Pérez Vas, guitaristes et co-interprètes fondatrices du groupe posant tendrement pour l’artwork de leur premier essai, marque d’un délicieux condensé de punk robuste et d’un rock enragé hautement séduisant.

Surprenant même, tant ces charmants bambins encore scolarisés laissent l’impression d’œuvrer tel un collectif aguerri, assez huilé à terme pour placer ses onze bombes sur le tas sans le moindre complexe. Rythmiques travaillées, alternance des tempos, tracklisting fluide, chants assurés et parfois revendicatifs… Le quartet catalan ne baigne pas dans la niaiserie ni la timidité, bien au contraire. Loin de bercer dans le « teenage-rock », les influences se font diverses, allant pêle-mêle de la mouvance riot grrrl des nineties (coucou Sleater-Kinney ) à d’indélébiles intonations pop, Kate Bush et PJ Harvey en tête.

Ainsi, l’ensemble des pistes proposées s’avère d’une délectable qualité, de l’introductif Your Brain Is Made Of Candy qui n’a d’acidulé que le titre jusqu’à l’ultime banderille Boys Are Cunts et ses cris ravageurs offerts en guise de bonus track. Entre les deux, la spontanéité de ces révolutionnaires en herbe affole les esgourdes, alimenté par des riffs abrasifs et saccadés faisant mouche à chaque coup (Misery Factory, You Don’t Know Me, Squirrel, Jack) et ce même lorsque l’intensité se fait moins brutale (Dark Issues, Philliphius, Otitis), dominé en point d’orgue par le satanique Silver Gold, déconstruction des représentations du paradis sous forme d’une ode inavouée à l’enfer (hantée par la sentence « Deliver Me From Heaven » tout au long de ses trois minutes)…

Sous leurs airs insouciants, Mourn incarne la rage d’une jeunesse victime d’une austérité suffocante au possible. Leur premier album, maîtrisé de bout en bout, en est un symbole presque involontaire, la bande-son d’une patrie où ses pupilles aspirent au droit de s’affirmer sans concessions. Le rendu n’en est que plus convaincant, voire attachant comme rarement rencontré dans la sphère du punk-rock moderne…

 

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Tracklist

  1. Mourning High
  2. Crowd Control

La disco de Mourn

Self-Worth8
80%
Mourn9
90%

Mourn