Inventivité ostentatoire quitte à en friser l'écoeurement
Dose One (Clouddead, Themselves…), Tunde Adebimpe (TV On The Radio), et Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantomas), les trois artistes ont vite suscité l’intérêt à l’annonce de leur collaboration sous l’égide de Nevermen. De telles personnalités réunies sur un même projet ne pouvaient être gagées que d’une émulation artistique forte.
De fait, de nombreuses, très nombreuses écoutes de « Nevermen » seront nécessaires à la perception de toutes les idées qui ont traversé la période de gestation de l’album. On parle bien de « toutes les idées » et non de « l’ensemble des idées », car l’opus va assez rapidement souffrir de cette orgie musicale sans liant. Au lieu de fondre leurs personnalités artistiques et de nous livrer un hybride de leurs univers propres, les trois artistes semblent se répondre à tour de rôle. Attention, chaque instant est grandement digne d’intérêt et mérite que l’on s’y attarde. Bien que l’ensemble finisse par être lourd, dans ce qui constitue son défaut principal le disque trouve également sa force, l’originalité et l’inventivité.
Il semble que Patton ait pris une part importante à la production, et clairement, on retrouve plus les délires qui ont présidé aux albums de Mr Bungle que le heavy moins iconoclaste de Faith No More, ceci n’étant pas fait pour nous déplaire. On retrouve cette pratique de la rupture rythmique, entre hip-hop, pop et puissance métal qui cohabitent dans un joyau « foutoir » généralisé. Dès l’introductif Dark Ear les fondations (dés) sont jetées: gospel, métal, chœurs rappelant Animal Collective. À cette image, l’album se déroulera comme on tournait le gros bouton de l’auto radio, en passant instantanément, et sans transition d’un univers à un autre.
« Nevermen » est de ces albums plus enclins à inspirer qu’à réellement plaire. À cet égard, les premières secondes de Non Babylon nous ramène aux périodes expérimentales de Bowie et Pop, et leur Chinagirl. D’autant plus après un mois de janvier placé sous le sceau de la star anglaise récemment disparue, qui brillait notamment par la fluidité de ses compostions – en dépit de ces propres démarches expérimentales, on regrettera donc dans ce « Nevermen » la lourdeur du rendu, qui fera d’une écoute assidue, un vrai effort. On louera tout de même la démarche ambitieuse, le minimum syndical quand on pense aux personnes impliquées dans le projet.
S’il ne devait en rester qu’un titre : At Your Service.
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- Publication 434 vues3 février 2016
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Tracklist
- Dark Ear
- Treat Em Right
- Wrong Animal Right Trap
- Tough Towns
- Hate On
- Mr. Mistake
- Shellshot
- At Your Service
- Non Babylon
- Fame II the Wreckoning