Une soi-disant préface de Samuel Beckett est publiée en 4ème de couverture de "Héros Oubliés du Rock’n Roll", l’un des ouvrages majeurs de Nick Tosches. Le Nobel irlandais, qui écoutait surtout du Schubert, y déclare que c’est le seul livre sur le rock qui sache vraiment de quoi il parle. Bien que cette préface soit […]
Une soi-disant préface de Samuel Beckett est publiée en 4ème de couverture de "Héros Oubliés du Rock’n Roll", l’un des ouvrages majeurs de Nick Tosches. Le Nobel irlandais, qui écoutait surtout du Schubert, y déclare que c’est le seul livre sur le rock qui sache vraiment de quoi il parle. Bien que cette préface soit certainement un canular alcoolisé orchestré par l’impayable Tosches, le plus grand des dandys cyniques, l’érudit laconique et assassin, le constat est tout à fait exact. Il n’y a pas sur le marché meilleur livre sur les origines du rock et les premiers pionniers qui secouèrent l’Amérique.
On peut le garantir sans avoir besoin de vérifier : lire Tosches suffit, le reste est bagagerie culturelle et haltères dans la valise. Car "Héros oubliés" a le pouvoir de vous intéresser à des artistes dont vous n’écouterez jamais les disques, et de vous les faire aimer. On dit parfois qu’écrire sur la musique est comme danser sur de l’architecture, et on se demande en effet, s’il est bien raisonnable de gâcher un temps qu’on pourrait passer à boire pour apprendre le nom du troisième batteur d’un groupe improbable de Hillbilly qui n’a jamais enregistré le moindre disque. Et pourtant, perdre son temps c’est capital, et Nick Tosches va vous rembourser.
Allia a d’ailleurs eu l’idée de traduire les surnoms et tous les titres an anglais, ce qui donne des résultats souvent très drôles. Ainsi I want a bowlegged woman de Bull Mose en français se transforme en Je veux une femme aux jambes arquées par Taureau-Elan.
L’art de Tosches est une science des limites, comme une dérobade avant la chute. La plus grande prise de risques est de ne pas en faire trop. Cet homme a eu la classe et la grâce et l’a démontré dans "Hellfire", a priori une banale biographie de Jerry Lee Lewis devenue pourtant la meilleure chronique rock jamais écrite. Alors lisez Nick Tosches, arrachez votre chemise de hippie et faites des trous de cigarettes dans votre pull Cyrillus. Ca va secouer. Et vous êtes conviés.
- Publication 653 vues30 juin 2008
- Tags Nick ToschesAllia
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