D'une sensualité et ambiguïté débordantes "Rose Planète" scintille de mille éclats. Nicolas Comment signe là un authentique chef d'oeuvre.
Il a fallu un peu de temps pour aborder « Rose Planète », deuxième album de Nicolas Comment. Le temps d’assimiler la densité de ce disque essentiel. Son épaisseur hors du commun. Toutes ses facettes. La diversité des émotions qu’il provoque. Alors bien sûr il y a un fil rouge, la sensualité brûlante qui traverse toutes les chansons. Les textes, profondément littéraires et charnels, sont d’une beauté à couper le souffle. On y rencontre les fantômes d’auteurs immenses et tous auréolés du scandale salutaire. « Rose Planète » est une oeuvre voluptueuse, dangereuse, venimeuse, qui s’insinue lentement. Distillant ses venins avec délectation, même si l’on pense au taedium vitae. À cette impression « de mal habiter la terre ou de mal cohabiter avec soi », qui est prégnante dans tous les titres. Le corps féminin apparaît alors comme l’incarnation de la beauté absolue. Et donc comme une malédiction totale.
La musique de Nicolas Comment flotte littéralement, soyeuse et cinématographique. Et constitue peut-être ce qui se fait de mieux dans le désormais si riche paysage musical français. Une musique luxueuse et référencée, qui ne se refuse aucune grandeur, et qui pourtant reste étrangement dynamique et accessible. Des mélodies bouleversantes portées par une voix grave et ensorcelante. Il y a quelque chose de magnétique, mais de désuet aussi, dans ces chansons-bijoux que l’on écoute en boucle sans jamais être lassé. Des images sublimes qui surgissent, des mots et des harmonies affolantes.
On se surprend à monter le son très haut quand Amaurose démarre. La plus synthétique, voire robotique, du disque. Le voyage est souverain. Tout de suite après apparaît Remora. Déchirante chanson, que ne renierait pas le James Ellroy du Dahlia. S’enchaînent ainsi les évocations saisissantes de figures féminines parmi les plus emblématiques et les plus excitantes. Toutes sublimées par des cordes somptueuses et/ou des claviers sombrant dans le noir parfait. On sait alors que l’on écoute l’un des disques les plus puissants et fascinants de l’année.
- Publication 992 vues6 novembre 2015
- Tags Nicolas CommentKwaidan Records
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Tracklist
- Rose planète
- Tu t'appelles Sexie
- L'amour fleuve
- L'abc
- L'ange du bizarre
- Camille
- Un miroir honnête
- Amaurose
- Remora
- Dites à Dita
- La chambre de Sexie
- Vénus venue