Forcément, quand on a percé sur Internet avec des vidéos d’un mauvais goût rarement atteint comme Sale Pute ou (Suce ma bite pour la) Saint-Valentin, personne n’attend de vous un album d’un quelconque intérêt, que ça soit sur le fond ou sur la forme. Du coup, c’est par surprise qu’Orelsan met une grosse claque au […]
Forcément, quand on a percé sur Internet avec des vidéos d’un mauvais goût rarement atteint comme Sale Pute ou (Suce ma bite pour la) Saint-Valentin, personne n’attend de vous un album d’un quelconque intérêt, que ça soit sur le fond ou sur la forme. Du coup, c’est par surprise qu’Orelsan met une grosse claque au hip-hop français.
Orelsan représente fièrement ceux à qui le rap, centré sur les banlieues ou la hype parisienne, n’a jamais donné la parole, pas plus que le rock ou qu’un quelconque genre musical. Dans son monde, on ne joue pas les caïds, mais on s’ennuie en soirée, on passe ses journées vautré devant la console, une bière à la main, on a honte de ses rares conquêtes et on n’a aucun projet d’avenir. C’est souvent quand il pointe sa plume impitoyable et acerbe sur cette France, provinciale et de classe plus médiocre que la moyenne, qu’Orelsan est renversant : No Life et Différent s’imposent immédiatement comme les hymnes de tous ceux, oubliés aussi bien par la chance que par les médias. Ses introspections sont d’une lucidité effarante, qu’il raconte sa semi-paternité, tente la drague honnête ou confie ses angoisses sur le très beau Peur de l’Echec.
Parfois les thèmes sont un peu trop redondants ou moins intéressants mais l’humour de notre normand l’abrite, à une ou deux chansons près, du ratage. Une plume adroite ne suffit pas forcément, d’autant que le flow d’Aurélien impressionne peu, manquant de variété malgré un charisme indéniable. Musicalement, s’il n’y a rien de novateur, la production du DJ Skread est tout de même l’une des plus léchées qu’on ait entendue en France depuis le « Bâtards Sensibles » de TTC, enchaînant les samples bien troussés, qu’ils soient électroniques, rocks ou plus R’n’B et faisant évoluer avec brio les parties instrumentales au fil et à mesure qu’elles progressent.
Bref, malgré un peu de répétition, trop de vulgarité gratuite et un flow limité, Orelsan prend tout le monde de court en prouvant qu’on peut faire autre chose que copier, au choix, IAM, NTM ou TTC, et trace une nouvelle voie salvatrice dans le milieu nombriliste du hip-hop français, un bol d’air frais bienvenu dans un genre qu’on pouvait croire « Perdu d’Avance ».
- Publication 490 vues30 mars 2009
- Tags Orelsan3eme bureau
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Tracklist
- Salle des pas perdus
- L'ombre et la lumière
- Ça valait la peine
- La contradiction
- La mer opale
- A l'occasion tu souris
- Samba de mon cœur qui bat
- Ces matins d'été
- Le dernier train
- Lou
- Le jazz et le gin
- Bientôt
- Mes fenêtres donnent sur la cour