"> Sharon Van Etten - Tramp - Indiepoprock

Tramp


Un album de sorti en chez .

9

A la sortie de son premier album, « Because i Was in Love » (2009), Sharon Van Etten a été, comme de tradition, comparée un peu paresseusement à d’autres chanteuses de sa génération. « Des artistes telles qu’Alela Diane, Marissa Nadler, Jana Hunter et Mariee Sioux, ont produit de la musique de qualité avec une belle constance, […]

A la sortie de son premier album, « Because i Was in Love » (2009), Sharon Van Etten a été, comme de tradition, comparée un peu paresseusement à d’autres chanteuses de sa génération. « Des artistes telles qu’Alela Diane, Marissa Nadler, Jana Hunter et Mariee Sioux, ont produit de la musique de qualité avec une belle constance, et ont placé un standard assez haut pour ce soit difficile de s’aligner lorsqu’on débute. Pourtant, sur son premier album, la chanteuse de Brooklyn Sharon Van Etten prouve qu’elle a l’expressivité et les qualités d’écriture pour soutenir le pas de ses compagnes. » Comme Marissa Nadler, c’est vrai, Sharon Van Etten adresse des sujets biographiques avec une part égale d’assurance et d’étrangeté. Sa voix est aussi extraordinaire que celle de Nadler ; léthargique, large de spectre, avec quelque chose d’ancien, de gothique. Comme tant de jeunes auteures de chansons, Van Etten a commencé par évoquer ses prises avec le sentiment amoureux – il y a trois ans encore, elle semblait si peu consciente du choix de ses mots. Aujourd’hui, il suffit d’écouter Serpents, interprétation qui guide Van Etten vers une nouvelle intensité, pour comprendre que cette époque est révolue : « Tu aimes t’accrocher à tes rêves », assène-t-elle.

Van Etten décrivait sur « Because I Was in Love » la plénitude comme une chose naïve : « mon orteil touche heurte légèrement le tien/ton pied frôle ma cheville en retour/je n’ai pas besoin de beaucoup plus que ça. ». Sous ses airs de songe doux-amer, « Tramp » est trempé de nouvelles réalités, profite d’une conscience accrue du point de vue de l’écriture et dessine un environnement en expansion émotionnelle constante. Van Etten a vécu pendant 14 mois sans réel domicile (d’où le nom, ‘clochard’ du disque), déménageant ses possessions au rythme des sessions d’enregistrement, et ne se retrouvant nulle part avec plus de régularité que dans le garage de Aaron Dessner, des New-Yorkais The National, qui a produit le disque. Son précédent « Epic » (2009) n’était pas encore paru qu’elle écrivait déjà celui-ci. Longuement maturé avec la crème de Brooklyn, de Julianna Barwick à Matt Barrock (batteur de The Walkmen) et Zach Condon (Beirut) ou Jenn Wasner (Wye Oak) l’album est entre folk urbain et classicisme envoûtant. Van Etten semble se débattre avec sa propre dévotion, sa révérence, ses doutes, et prendre le dessus. « It’s bad to believe in any song you sing,” chante-t-elle sur I’m Wrong, d’une façon trop expansive pour qu’il s’agisse d’une simple confession. Le morceau s’élève avec une pureté transcendantale. Les mélodies vocales superbes, languissantes (Give Out, Leonard, All I Can) et les refrains saisissants « We got to loose sometimes » sur We Are Fine – annoncent un triomphe intime, émancipent la chanteuse d’une domesticité dont les tenants et aboutissants se dessinent peu à peu, dans la confidence.

Chroniqueur
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. Warsaw
  2. Give Out
  3. Serpents
  4. Kevin's
  5. Leonard
  6. In Line
  7. All I Can
  8. We Are Fine
  9. Magic Chords
  10. Ask
  11. I'm Wrong
  12. Joke or a Lie