Quelques indices glanés ci et là : « Hvarf/Heim » , paru l’an dernier, était pour moitié le compte rendu de concerts acoustiques joués en Islande. Sur la pochette de ce nouvel album, quelques gais lurons courent dans le plus simple appareil, en recherche de symbiose apparente avec la nature. Il n’empêche, sur Gobbledigook, ça fait drôle d’entendre […]
Quelques indices glanés ci et là : « Hvarf/Heim » , paru l’an dernier, était pour moitié le compte rendu de concerts acoustiques joués en Islande. Sur la pochette de ce nouvel album, quelques gais lurons courent dans le plus simple appareil, en recherche de symbiose apparente avec la nature. Il n’empêche, sur Gobbledigook, ça fait drôle d’entendre Sigur Rós, habitué aux climats planants et sophistiqués se lancer dans un morceau pop enlevé, acoustique et terrestre. Et lorsque des cuivres viennent se mêler à la fête sur Inni mér syngur vitleysingur, on se demande un instant si Sufjan Stevens n’a pas décrété que l’Islande était le 52ème état et décidé illico de lui consacrer un album. C’est avec un enthousiasme prononcé qu’on se laisse porter par ces dynamiques inédites, où l’on entend des pa-pa-pa, des claquements de mains… Autre aspect notable, le chant est plus classique, semble suivre des paroles véritablement écrites.
Mais il serait cependant inexact de parler de virage ou d’évolution, car Sigur Rós n’abandonne aucun des aspects qui ont fait sa réputation. On parlera plutôt d’une autre approche, dans la manière de composer, avec un canevas instrumental différent. Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est la structure même du disque. Ainsi, après une première partie festive, bucolique et ensoleillée, on a le sentiment en milieu d’album que le soir tombe doucement et que l’album devient une ode au calme et à la sérénité de la nature. On notera ainsi le splendide Med sud i eyrum avec sa petite ligne de piano qui s’enchevêtre avec la batterie pour porter une mélodie d’une pureté dont les Islandais gardent précieusement le secret. Sur Itra batur, après un début tout simple et touchant, le morceau, sous l’impulsion d’une voix toujours aussi atypique, évolue vers une complainte qui monte droit aux cieux, pour un final avec choeurs et cordes qui laisse totalement pantois. Il en va ainsi de chaque morceau, qui à sa façon possède sa part de magie.
On ne sait à vrai dire pas si cet album est la vison du folk de Sigur Rós, leur façon de revenir aux sources, ou si, au contraire, il faut parler d’avant-garde, de nouvelle brèche ouverte. Car ce dont on est à peu près sûr, c’est que l’important pour eux est de savoir où ils veulent aller, sans se soucier si d’autres ont emprunté ou emprunteront un jour le même chemin. Autre certitude, peu importe ce qui se passera à l’avenir, découvrir un tel album, être un contemporain de ce groupe est une chance qui doit se goûter à chaque instant.
Tracklist
- Gobbledigook
- Inní mér syngur vitleysingur
- Góðan daginn
- Við spilum endalaust
- Festival
- Með suð í eyrum
- Ára bátur
- Illgresi
- Fljótavík
- Straumnes
- All alright