Spoon

Neuvième album pour un groupe à la longévité mine de rien inédite.

Comme Georgy, notre chroniqueur, le leur faisait remarquer lors de l’interview que Spoon lui a accordée il y a quelques semaines, leur notoriété, notamment en Europe, est assez récente. Pourtant, si on les cite rarement comme des vétérans, le groupe aligne avec « Hot Thoughts » son neuvième album, ce qui, dans le petit monde de l’indie-rock, voire de la musique pop en général, est assez remarquable. D’autant plus remarquable est le fait que, dans leur discographie, on ne relève aucun loupage total, alors qu’au contraire quelques sommets sont à mettre en exergue, on pense notamment à « Ga Ga Ga… » ou à « They Want My Soul », leur précédent album. Spoon a en outre la qualité d’être finalement assez inclassable dans la galaxie indé tout en troussant une musique relativement référencée. En gros, et c’est certainement là qu’il faut chercher une des clés de leur longévité, le groupe de Britt Daniel a trouvé le bon point d’équilibre entre singularité et intégration d’éléments glanés ci et là et bien digérés.

« Hot Thoughts » s’inscrit complètement dans cette logique. Le groupe y délivre une collection de titres enlevés, bien calibrés, tout à fait représentatifs de leur écriture ciselée, qui s’appuie sur un canevas sonore où on retrouve quelques guitares dansantes qui s’acoquinent à des synthés qui fleurent bon les années ’80, sans non plus surjouer le gimmick vintage. Dire que tout est réussi serait exagéré et on relèvera bien quelques passages qui font un peu grimacer, à commencer par I Ain’t The One, ballade un peu pompière. Les sonorités orientalisantes au synthé sur Do I Have To Talk You Into It ne sont pas non plus ce qu’on a connu de plus raffiné…

A côté de cela, on ne peut que reconnaître que Spoon s’en sortent très bien quand ils se lancent dans un titre qui fleure bon la pop des années ’60 (Tear It Down), quand ils ouvrent l’album avec une petite bombe dansante et imparable (Hot Thoughts), ou quand ils déroulent un titre à la fois léger et nerveux (Shotgun). Bref, une fois encore, Spoon ne révolutionnera pas l’histoire de la musique, et c’est même sans doute précisément en cherchant à s’immiscer dans un grand tout, sans non plus s’appliquer à singer bêtement des formules toutes faites, que le groupe est le plus à l’aise. On a connu des desseins moins louables.