Sr. Chinarro

D’entrée, une batterie réverbérée qui martèle un rythme froid : « Necessito tratamiento », le premier titre de cet EP, pénètre directement dans le vif du sujet. Les nappes d’orgue et les arpèges limpides des guitares font le reste, bientôt suivis par le chant lancinant et grave d’Antonio Luque (qui a enregistré tous les instruments lui-même). Son univers nous transporte directement dans des contrées proches de celles esquissées par Migala. Proches mais pas identiques, la mélancolie pointue de Migala est ici remplacée par une sorte de désespoir musical sombre et hargneux qui, plutôt que de contempler béatement le malheur qui frappe, préfère rentrer dans le lard la tête la première. Les deux titres suivants, « Hay vida en el foie-gras » et « Aleluya, pero cierra el maletero » relèvent de la même énergie, directe et franche. Malheureusement, je ne comprends pas un mot d’espagnol et ne peut donc pas mesurer l’efficacité de l’adéquation textes + musique que je devine pourtant ici magnifique? Le 4e titre, « Cuando Felipe », est un instrumental? mais pas tout à fait, puisque des samples de dialogues se superposent progressivement, créant une atmosphère étrange, presque insupportable, toujours soutenue par cette même batterie métronomique et ces nappes de claviers.
Luque le Sévillan n’en est pas à son premier coup d’essai, il a déjà sorti plusieurs albums et EPs sur le label Acuarela, récoltant même un petit succès en France, comme en témoigne les bons papiers parus dans des revues comme Magic ! ou Les Inrocks. Ce nouvel EP conforte l’impression laissée par ses précédents opus et classe donc Sr. Chinarro parmi les meilleurs songwriters espagnols actuels.