The Callstore

Premier album d'un auteur à la voix inoubliable, bouillonnant de talent et d'envies, Save No One révèle quelques pépites à coté desquelles on ne saurait passer.

Le moins que l’on puisse dire c’est que The Callstore est un personnage énigmatique, tout juste sorti de nulle part: une poignée de titres sur Souncloud, quelques teasers sur Youtube, à peine plus d’une centaine de likes sur Facebook. Pourtant une seule écoute suffit pour se souvenir de la voix de Simon Bertrand. Le timbre et la tessiture ne sont pas sans rappeler ceux de Matt Berninger de The National, mais la voix particulièrement mature est de celles qui procurent des frissons.

Découvert au printemps avec The Letting Go, ballade incroyable de mélancolie et d’optimisme, la sortie de l’album nous aura tenu en haleine jusqu’à cet automne. Dans Save No One, le trentenaire dévoile 12 titres aux univers différents, qui laissent deviner l’étendue du talent et des aspirations de leur auteur. De ce premier opus on retiendra plus le potentiel et les coups d’éclat de certains titres qu’une playlist cohérente qui accompagne l’écoute pour monter crescendo. De ce point de vue l’auditeur est plutôt embarqué sur des montagnes russes.

The Callstore expérimente, s’aventure et partage à travers ses chansons. Totalement écrit, produit, enregistré par Simon Bertrand lui-même, le moins que l’on puisse dire c’est que « Save No One » est un album étonnant: à la fois riche et déroutant, expérimental et mature, bancal et fragile, en équilibre sur des sables mouvants.
Les rythmiques programmées sur sa Playstation dérangent parfois quand elles surgissent de nulle part, mais ornent aussi bien d’autres titres d’une délicate touche d’électro nécessaire à l’ensemble. Les violons nous cueillent comme une douce surprise quand ils viennent après une mélodie foutraque et explosive.En revanche les ballades sensibles et profondes sont véritablement là où The Callstore excelle et rallie chaque auditeur à son talent. The Letting Go et Sad Sometimes sont deux pépites qu’on ne saurait oublier.

The Callstore concède avoir encore de quoi écrire deux ou trois albums qu’on guettera avec l’impatience de ceux qui, persuadés d’avoir assisté là aux prémisses d’un talent unique, attendent de le voir prendre l’ampleur qu’il mérite.