The Futureheads

L’histoire des Futureheads résume à merveille l’évolution de l’industrie musicale au cours de ces dernières années. Propulsés sur le devant de la scène par la presse britannique grâce entre autres à leur reprise du Hounds of Love de Kate Bush, les Anglais ont légitimement connu le succès avec leur premier album éponyme fait de cassures rythmiques et d’harmonies vocales, aux antipodes des canons du revival post-punk. Pourtant, l’échec commercial de son successeur deux ans plus tard, fut suffisant pour que le quatuor de Sunderland se voit signifier par sa maison de disques (679 recordings) de débarrasser le plancher.

Il en faut plus pour décourager le groupe des frères Hyde. Ils créent leur propre label, Nul records, sur lequel ils enregistrent leur troisième album en quelques semaines et proposent aux fans de télécharger un titre (Broke Up the Time) en avant-première. Ce dernier ne reflète pas complètement l’évolution que les Anglais ont souhaité donner à leur musique. En effet les Futureheads ont quelque peu mis de l’eau dans le vin de leur punk-rock déstructuré et proposent dorénavant des titres plus conventionnels.

On retrouve en effet sur "This is Not The World" des structures de morceaux dites classiques (couplet/refrain/couplet…), ce qui n’était franchement pas dans les habitudes du groupe sur leurs précédents albums. Sans doute plus abordable que ses prédécesseurs pour le grand public, ce nouvel opus semble formaté pour les charts et radios avec ses refrains entêtants (The Beginning of The Twist ; Walking Backwards), ce qui ne manquera pas d’en décevoir certains. Les cassures de rythme et les harmonies vocales, marque de fabrique du groupe, sont désormais réduites à la portion congrue.

Les Futureheads rentrent dans le rang des Maxïmo Park et consorts, adeptes d’un post-punk stéréotypé mais malheureusement (pour nous) plus efficace en terme mercantile. L’efficacité aux dépens de l’originalité, tel pourrait être le sous-titre de "This is Not the World".