Thee Oh Sees

Thee Oh Sees se dispersent pour mieux parer à l'ennui, et on applaudit !

Non content de sa cadence folle de productions, John Dwyer en vient à nous servir un second album dans le même semestre que « A Weird Exits« . Pour la première fois, on y voit un réel sens artistique tant l’aspect miroir/opposition entre les deux opus est flagrant. Les deux disques se positionnent l’un par rapport à l’autre, comme deux forces magnétiques qui, associées, génèrent de l’inertie.

Trois titres sur six de six minutes ou plus, le groupe décrète qu’il est temps de prendre le temps. Forcément au détriment d’une efficacité garage punk qu’on pouvait sans mal leur reconnaître, les Californiens s’adonnent à la contemplation avec un réel brio. Exit donc les saturations stridentes et frénétiques, bienvenue aux arrangements de grande classe, l’utilisation de la flûte sur Jammed Exit Final Rough par exemple qui semble « aspirée », à contre courant de ses usages. Difficilement descriptibles, les arrangements et le travail studio font clairement l’âme de « An odd Entrances », toujours voués à un psychédélisme épuré qui évite les écueils classiques d’un style parfois bien lourd.

Il semble salutaire pour la carrière d’un groupe qui produit autant d’albums (un par an au minimum) d’élargir son spectre et « An Odd Entrances » ouvre de nouveaux horizons au groupe. Si nous, nous aimons, il est envisageable que quelques fans soient perdus en court de route. Mais, malgré le changement de braquet, l’album sonne clairement comme un Thee Oh Sees.